lunes, 27 de julio de 2015

Festival de Peralada:Life in Progress,l'émouvant adieu à la scène de Sylvie Guillem

Sylvie Guillem, sans doute LA danseuse de ces 30 dernières années, tire sa révérence au cours d'une tournée mondiale avec Life in Progress. C'est là notre dernière opportunité de la voir danser.
Pour cet évènement exceptionnel, elle nous offre 2 créations et une reprise.

Tout d'abord Technê, d'Akram Khan, spécialement créée pour l'occasion. Sylvie Guilllem partage la scène avec les musiciens et un arbre argenté dans cette oeuvre sensible et poétique. Un véritable dialogue se crée entre les protagonistes. La musique fait corps avec la danse et Sylvie Guillem nous touche par sa sincérité. Quelque chose se passe là sous nos yeux, une sensation de sérénité mais aussi de questionnement: comment entrer en contact avec la musique? Avec cet arbre? Avec ces éléments différents? Comment les relier entre eux? De la fusion de la musique et de la Danse, la communication s'établi et donne naissance à l'arbre comme personnage à part entière. Ou peut-être est-ce de l'arbre, aux racines profondément ancrées dans la terre mais aux branches touchant le ciel que naît le dialogue?
Je crois que chacun et chacune peut y voir sa propre interprétation. Quoi qu'il en soit, on se laisse emporter sans peine par la poésie et par Sylvie Guillem. Sa technique irréprochable émerveille toujours mais cette fois ce n'est pas ce qui m'a le plus marquée. Ce que m'a frappée c'est l'émotion, la force mêlée de délicatesse qui transpire de sa danse. Une bien belle pièce pour démarrer une soirée inoubliable.

Après autant d'émotion et de poésie, il était assez difficile de rentrer dans l'univers de Duo2015 qui, comme son nom l'indique est un duo créé pour 2 danseurs spécialement pour la tournée par Forsythe.
Evidemment, on ne peut pas ne pas associer Sylvie Guillem et Forsythe sans penser à In the Middle, Somewhat Elevated, véritable chef-d'oeuvre et dont le couple Guillem-Hilaire a envoûté plus d'un ou d'une balletomane.
Ce Duo2015 est impeccablement interprété par 2 superbes danseurs, Brigel Gjoka et Riley Watts. Le problème ne vient pas d'eux. Ce qui m'a un peu rebutée c'est la longueur, il me semble que la moitié du temps aurait été suffisante, et la répétition (d'où sans doute aussi le sentiment de longueur). Ce qui m'a également gênée c'est cette impression de "déjà-vu". C'est une création et pourtant si je ne l'avais pas su j'aurais cru à une oeuvre des années fin 90/2000. Le travail présenté est intéressant mais il n'est pas nouveau. Où est passé le Forsythe tant inspiré d'In the Middle, de Second Detail? je suis restée un peu sur ma faim.

Here et after, autre création et autre duo signé cette fois Russel Maliphant clôture la 1ère partie du spectacle. Emanuela Montanari, de la Scala de Milan, partage la scène avec Sylvie Guillem. Les 2 danseuses se complètent et sont plutôt bien assorties. On sent la complicité qui les lie sur scène. Le travail chorégraphique est intéressant avec une syncronisation parfaite des 2 interprètes, un langage contemporain servi par une base très classique (ah le cou-de-pied de Guillem, c'est quelque chose quand même!).

Et puis...Bye.
Bye, solo magnifique et magistral de Mats Ek crée en 2011 pour Sylvie sur la sonate pour piano num.32 op.111 de Beethoven. Une femme, seule dans un appartement entame un dialogue avec elle-même, se prépare à quitter cette pièce et une étape de sa vie pour aller rejoindre les gens à l'extérieur et commencer une nouvelle étape.
Oeuvre poignante faite sur mesure pour Sylvie, elle y est époustouflante. Tout le talent de chorégraphe de Mats Ek sert à faire briller notre Etoile. On a du mal à croire que c'est fini. Qu'elle s'en va. On n'a pas envie de lui dire bye.
Je n'ai jamais été une groupie de Guillem,contrairement à pas mal de filles et de garçons de mes cours de danse. J'avais 4 ans quand elle a été nommée Etoile à l'opéra de Paris, 10 quand elle a claqué la porte pour Londres et le Royal Ballet. Je n'avais d'yeux que pour l'Opéra de Paris à l'époque. Pourtant, ce sont ses vidéos qui m'ont servi pour passer mes examens, pour travailler les variations du Grand Pas Classique et de Raymonda. C'est elle qui m'a fait découvrir et aimer Mats et Ek,Akram Khan, qui m'a aidé à sortir de mon carcan classico-classique et me rendre compte que le classique est un style inestimable à préserver à tout prix mais qu'il y aussi plein d'autres styles et que la Danse n'est pas figée. Alors oui,ça fait tout bizarre de la voir toujours aussi parfaite, toujours aussi rayonnante et se dire que c'est pour la dernière fois. Alors merci pour ces années de Danse et bye... pour ce soir seulement car à bientôt pour une nouvelle étape. A très bientôt.

miércoles, 15 de julio de 2015

Agenda estival danse 2015

Si vous êtes en Catalogne cet été vous ne pouvez pas rater ces rendez-vous danse:

Le Festival de Peralada est absolument incontournable: programmation excellente, cadre superbe et organisation au top. Que demander de mieux?

Après le BBL qui a ouvert le Festival le week end dernier, le prochain rendez-vous danse n'est rien de moins que le Life in Progress de Sylvie Guillem. Tournée d'adieu de la star à ne rater sous aucun prétexte le 24 juillet.

C'est aussi une bonne excuse pour passer un week end dans ce charmant village à deux pas de Figueres. Et si vous ne pouvez pas vous libérer plus que la soirée et que vous ne voulez pas vous préoccuper du trajet, un service de bus organisé par le Festival vous amenera directement depuis le centre de Barcelone.

A Barcelone, le Liceu accueillera le Ballet Nacional de España (à ne pas confondre avec la Compañia Nacional de Dansa) du 23 au 26 juillet avec Sorolla, inspiré du peintre espagnol Joaquin Sorolla.

Toujours à Barcelone, le Teatre Tivoli, qui offre régulièrement une programmation danse de qualité, présentera 2 grands ballets du Répertoire avec le Ballet de Moscou: l'incontournable Lac des Cygnes et La Belle au Bois Dormant.
A voir du 28 juillet au 9 août.

Les 28 et 29 août, le gala de l'BSstage, stage international accueillant les plus grands noms de la Danse, aura lieu au Liceu. Avec annoncé cette année Evgenia Obratzova, Frederico Bonelli, Natalia Osipova et Daniil Simkin.






lunes, 13 de julio de 2015

Béjart et le BBL : une soirée d'exception au festival de Peralada

Grande soirée que celle d'hier au festival de Peralada avec à l'affiche le Béjart Ballet Lausanne. Il y a en effet quelque chose d'inimitable et d'unique qui se dégage de cette compagnie. Béjart nous a quitté il y a 8 ans déjà et pourtant il était là hier soir. Sa présence était palpable. Le caractère intemporel de sa danse et de ses chorégraphies ainsi que le travail formidable de Gil Roman et des danseurs et danseuses pour faire perdurer son oeuvre n'y sont sans doute pas étrangers.
Le programme, particulièrement bien choisi et articulé, proposait un bel équilibre entre l'héritage de Maurice Béjart et la nécessité pour la compagnie de continuer son travail de création.

Le rideau et la soirée s'ouvre sur 7 danses grecques. Crée en 1983, cette pièce n'a pas pris une ride et étonne même pas sa modernité. La plus pure technique classique est ici sublimée pour devenir un petit chef d'oeuvre chorégraphique d'une belle originalité. Sur des musiques de Mikis Theodorakis, Béjart a imaginé une danse épurée et virtuose mettant tout particulièrement en valeur les danseurs de la compagnie. Tout passe par la danse et les émotions qu'elle transmet. Pas de costumes tape-à-l'oeil mais des justaucorps noirs ou blancs pour les filles et pantalons noirs ou blanc pour les garçons.

"Pour ces «danses grecques», j’ai cherché à limiter au maximum les emprunts à des «pas» authentiquement grecs. Certaines danses en contiennent deux ou trois; d’autres pas du tout et ce sont certainement les plus réussies, les plus grecques!" Maurice Béjart

On retrouve la Grèce, une Grèce intemporelle où les danseurs ne sont pas sans rappeler les dieux grecs de l'Antiquité et où le soleil et la mer sont omniprésents. Le début de l'oeuvre nous met de suite en condition avec des mouvements imitant les vagues. On se croit vite en bord de mer, presque en vacances.
Les danses masculines sont spectaculaires et regorgent de mille et une trouvailles chorégraphiques qui transforment des pas d'école classique en un chef d'oeuvre original et moderne. On ne s'ennuie pas une seule seconde et on a le sourire aux lèvres tout le temps. Ca sent le soleil, la mer et la joie de vivre et de danser.
Le public a été littéralement envoûté par la présence d'Oscar Chacón et la virtuosité des ses sauts.
Mari Ohashi, que je voyais danser pour la 1ere fois, était sublime dans le 1er pas de deux avec Kwinten Guilliams.
Le pas de trois avec Kateryna Shalkina, Mari Ohashi et Aldriana Vargas López aux pointes vives et acérées était à couper le souffle.


Crédit photo Toti Ferrer


On reste chez les Dieux et Déesses avec Bahkti III, pas de deux sans doute le plus connu (et régulièrement donné en gala) du ballet crée en 1968 sur des musiques traditionnelles indiennes.
Bahkti III évoque Shakti et Shiva. Si Shiva est le Dieu de la destruction (mais ce qui est détruit sera reconstruit), il est aussi et peut-être surtout le Dieu de la Danse.
Pas de danse traditionnelle ici non plus mais du classique et des pointes sur de la musique carnatique hindoue. Le résultat est détonnant et abouti à un mélange de virtuosité et de sensualité absolument envoûtant.
Marsha Rodríguez hypnotise son public grâce à une technique sans faille, un aplomb et une autorité de déesse et des jambes interminables qui siéent à ce type de chorégraphie et de costume (pas facile de porter un académique rouge). Elle crève la scène.
Fabrice Gallarrague n'est pas en reste non plus et lui offre une bonne réplique.

Crédit photo Toti Ferrer
Pour clôturer la 1ere partie, Gil Roman nous a offert une chorégraphie spécialement dédiée pour ce Festival. Cet Impromptu pour Peralada est une création intéressante et riche pour un danseur et un groupe de danseuses.
Les danseuses sont en scène quand le rideau se lève sur une scène au décor simple mais onirique. Des fumigènes ennuagent le plateau tandis que les lumières crues donnent une ambiance crépusculaire à l'envirronnement. Les danseuses sont habillées de robes beiges et marron. Le tout donne un style tribal-urbain. Les danseuses quittent la scène et le danseur apparaît seul en scène en pantalon blanc au début de la pièce sur une musique de Satie. Sa gestuelle rappelle celle de Béjart et de 7 Danses grecques. Tout est épuré et doux. A l'inverse, le choix musical et la chorégraphie des danseuses sont plus "sauvage". Deux mondes différents.
J'ai bien aimé voir des danses féminines "à la façon" des danses masculines. Les danseuses se rapprochent, s'éloignent, se font face, se combattent, se rejoignent, se rassemblent, entrent en contact sur une chorégraphie assez physique.
Elisabet Ros est magistrale dans son solo. Jasmine Cammarota, Alanna Archibald, Kathleen Thielhelm et Lisa Cano, à la fois raffinées et instinctives dans leur danse, captivent l'audience.
Gabriel Arenas Ruiz, le seul homme du ballet, tempère l'énergie du groupe par sa danse fluide et calme. Le contraste est artistiquement intéressant mais je n'en ai pas vraiment saisi le sens. Qu'importe. J'ai aimé voir cette belle énergie portée par ces 5 superbes danseuses. Ce n'est pas si fréquent devoir des groupes de femmes danser de cette façon.

Crédit photo: Toti Ferrer

Après l'entr'acte, le spectacle continue avec une pièce de Tony Fabre inspirée de Didon et Enée de Purcell: Histoire d'Eux.
Tony Fabre, qui nous a quitté en 2013, signait là une pièce forte et belle. Les bruits de l'orage et de la pluie qui accompagnent les messagers venus chercher Enée présagent de la fin tragique qui attend les amants. Julien Favreau et Elisabet Ros portent l'oeuvre avec beaucoup de sensibilité.

Pour terminer la soirée, que pouvait-on rever de mieux que le célèbre Boléro? Ballet mythique de Béjart et sujet de toutes les polémiques (chef d'oeuvre pour certain-e-s, vulgaire pour d'autres), Boléro ne laisse jamais indifférent. Si la pièce a pu défrayer la chronique pour son aspect sensuel, voire sexuel, elle n'en est pas moins un défi d'endurance d'une beauté artistique indéniable.
Elisabet Ros était la soliste ce soir. On voit tout de suite que ce n'est pas la 1ere fois qu'elle l'interprète et qu'elle est rôdée. Elle est sublime sur tous les plans. Tout est maîtrisé, travaillé, ciselé jusqu'au moindre détail. Elisabet Ros domine la scène et envoûte littéralement le public ainsi que les 38 danseurs autour d'elle par sa danse sûre, maîtrisée et sensuelle.




Une compagnie de danse exceptionnelle pour une soirée d'exception dans un cadre exceptionnel. Que demander de plus?

martes, 16 de diciembre de 2014

Pasodos Dance Company: Casse-Noisette

Si je vous dis Mallorca, vous allez probablement me répondre plage, soleil, vacances, fêtes estivales. Vous n'aurez pas tort. Les plages y sont très belles et le soleil radieux. Mais à Mallorca il n'y a pas que des plages. Il y a aussi une aussi compagnie de danse et le Teatre Principal de Palma qui offrent des spectacles d'une qualité à faire pâlir plus d'une grande place culturelle.
Et c'est donc avec Mallorca que j'ouvre le 1er billet de la saison avec le Casse-Noisette de la Pasodos Dance Company.
Je ne vous apprendrai probablement rien en vous disant que la Danse en général et le Ballet en particulier vont mal, très mal en Espagne. La culture y est, comme dans beaucoup d'autres pays d'ailleurs, la 5eme voire la 6eme roue du carrosse. Et la danse est la 5eme voire la 6eme roue du carrosse culturel. Vu ces conditions, la production d'un Casse-Noisette en partenariat avec le Théâtre est un évènement qui ne peut être que salué. Ajoutez à ça la venue en tant qu'Etoiles invitées des meilleur-e-s danseurs et danseuses du monde et vous comprendrez pourquoi Mallorca figure désormais parmi mes destinations danse.

La compagnie Pasodos est née à Dublín en 2001 de la volonté de Laura Macias et Gavin dePaor, tous deux ex danseur-se-s de compagnies russes et allemandes. Pasodos Dance Comapny est désormais installée à Palma de Mallorca, et ce depuis 2004 où elle bénéficie du soutien du Teatre Principal.
Outre les solistes, tous et toutes professionnels,la compagnie fait appel aux élèves les plus doués de l'école pour danser dans le corps de ballet et offrir ainsi une formation à la scène de premier choix aux jeunes talents. Les premiers rôles sont quant à eux très souvent interprétés par des Etoiles invitées. Ainsi, Danil Siimkin est venu danser le Casse-noisette l'an dernier. Cette année, c'étaient Yolanda Correa et Yoel Carreño, les deux Etoiles cubaines du Ballet National de Norvège.
Yolanda Correa et Yoel Carreño. Photo Álvaro Maldonado











Photo: Álvaro Maldonado





Cette version signée Laura Macias et Gavin dePaor reste fidèle à l'oeuvre de Petipa tout en y ajoutant quelques touches originales. J'ai beaucoup aimé, par exemple, que les adultes du 1er acte soient sur échasses et donc bien plus grands que les enfants. On est dans un univers d'enfant où les fauteuils sont trop haut, la cheminée trop grande, si grande qu'une armée de rat pourrait y passer dedans.
A noter la très belle variation de la poupée et la pas de trois entre les automates (la poupée, le Roi des rats et le Casse-Noisette) représentant le combat futur entre le vrai Roi de rat, Clara et le Casse-Noisette.

Drosselmeyer/Sascha Pieper entouré des enfants. Photo: ÁlvaroMaldonado



















Le 2eme acte est une féerie de douceurs. Thé de Chine, chocolat d'Espagne, café d'Arabie nous entrainent dans un rêve magique.


Miguel Rodríguez dans la danse chinoise. Photo: Álvaro Maldonado

Tamara Gutiérrez. Photo: Álvaro Maldonado

Les élèves se sont particulièrement bien intégré au niveau de la compagnie et ont su accompagner avec justesse et talent les Etoiles Yolanda Correa et Yoel Carreño. Quel plaisir de les voir évoluer sur scène! Yolanda excelle en Clara. De la petite fille émerveillée par le cadeau que lui fait Drosselmeyer  à celle qui affronte les rats puis triomphe au Royaume des douceurs, elle nous subjugue par sa grâce, sa technique, son aura sur scène. Yoël Carreño, quant à lui, nous ébloui en Casse-Noisette. Quel exemple pour ces jeunes danseurs élèves! Et quelle chance pour le public de pouvoir compter sur des artistes d'une telle qualité.

Yolanda Correa et Yoel Carreño. Photo Álvaro Rodríguez
Quelle chance d'habiter une ville possédant un théâtre digne de ce nom. C'est à dire soucieux d'offrir au public des spectacles de qualité et de soutenir les structures et initiatives locales.Et oui, quand on vit à Barcelone,ville qui se veut pourtant dynamique et culturelle, il faut prendre le bateau ou l'avion pour voir une jeune compagnie professionnelle soutenue par le théâtre.
Merci à Pasodos Dance Company et merci au Teatre Principal de nous offrir de si beaux spectacles.
Prochain rendez-vous: soirées de Gala en février.

Laura Macias, Gavin de Paor, Alicia Granados. Photo Álvaro Maldonado


 
Casse Noisette Compagnie Pasodos:

Adaptation: Laura Macias et Gavin de Paor

Etoiles invitées: Yolanda Correa et Yoel Carreño du Ballet de Norvège

Solistes:
Sascha Pieper,,Laura Álvarez, Tamara Gutiérrez,  Ana Rosa Ramos, Roger Neves, Daan Viser, Hazem Zakaria, Gisela Vera, Mar Ameller, Gabriele Santoni, Lidia Arriola, Carlos Huerta, Giula Neri, Adriana Barrabés, Miguel Rodríguez, Jose Cabrera

Corps de ballet:
Toni Cañellas ,Tomás Sanza, Aina Busquets, Aina Plaza, Lara Szymanski, JehosuaVögele, Lydia Rosado, Emma Ibáñez, Paula García, María Martorell y Joan Horrach, Liam De Paor, Olivia Gómez, Diana Cabrera, Martina Carolina Martin y Enrique Santiesteban

Les adultes: Gemma Palà, Leticia Trujillo, Beatriz Pérez, Esperanza Muñoz, Daniele Mascolino y Néstor Balle

Costumes: Anarosa Ramos
 
Lumières: Manfred Diez
 
Régie: Peki Spaziani
 
Assistante de production: Alicia Granados


 

sábado, 14 de junio de 2014

Bourbon Street

2eme programme présenté par le Corella Ballet au Teatre Tivoli, Bourbon Street s'est révèlé être une bonne surprise. Le titre du programme est en fait celui de la 2nd partie du programme. Comme souvent, la soirée débute par une pièce très classique.
String Sextet ouvre donc les festivités. La pièce, une chorégraphie signée Ángel Corella sur le sextet Souvenir de Florence de Tchaikovski, nous rappelle inmmanquablement White Blick du programme A+A. La musique live, surtout quand elle est interprété par Ara malikian et son orquestre, manque cruellement.
String Sextet n'en est pas moins une belle pièce qui permet à 4 couples de briller sur scène dans le plus pur style classique. Les lignes sont joliment dessinées et font corps avec la musique.  Yuka Iseda et Pedro Santos ont eu la lourde tâche de "s'y coller" en premier. Avec succès. Suivent Carmen Corella et Dayron Vera dans l'adagio toujours très lyrique. Natalia Tapia rayonne dans le 3eme mouvement dans un style plus balanchinien. Quant à  Kazuko Omori, elle "crève" la scène. Le couple qu'elle forme avec Russel Ducker fonctionne bien. Ce dernier possède une très belle prestance en scène et un charisme à toute épreuve.
Alors entre White Blick et String Sextet? Même si ces pièces se ressemblent de par la musique bien sûr mais aussi le style (c'est du pur Corella et prétexte à montrer la virtuosité des danseurs, certaines phrases chorégraphiques se retrouvent d'ailleurs) elles n'en ont pas moins leur charme particulier. Même si j'avoue que l'interaction orquestre-ballet de White Blick m'a vraiment beaucoup beaucoup beaucoup séduite.

Après cette mise en bouche classique et virtuose, le programme continue par du virtuose (toujours) mais un peu moins classique.

D'Casta est un solo d'influence flamenca qui donne à Ángel Corella la possibilité de nous montrer, encore une fois, son talent. Dire qu'Ángel est virtuose semble un euphémisme. Comment fait-il pour être toujours aussi brillant? Aussi parfait? Sa danse est spectaculaire. Certains pourraient lui reprocher d'en faire trop, d'être trop acrobatique. Je suis d'ailleurs la première à ne pas accrocher à la danse performance. Mais avec lui, la prouesse technique ne se fait pas au détriment de la danse. Il fait partie de ces très rares danseurs qui peuvent tout se permettre techniquement en restant artiste. Et dire que l'Espagne et la Catalogne le laisse partir...

Sombras Ajenas, chorégraphie pour 3 danseurs par Kirill Radev sur une musique de Yuri Abdokov veut montrer la fragilité de la possession matérielle et la peur qui s'y rattache alors que "dans notre monde nous dépendons les uns des autres, pas des objets qui n'ont pas d'importance". Le thème est interessant et aurait sans doute mérité une pièce un peu plus longue. 8 minutes, c'est court. J'aurais aimé en voir plus. Kirill Radev prouve toutefois qu'il possède son propre language chorégraphique, language qui plus est, intéressant. Le style est contemporain mais utilise la technique classique. Les danseurs semblent seuls en scène même s'ils sont 3, avant de se chercher, se trouver, interagir.

Built to fall apart est un pas de deux aussi court (3'25) qu'efficace. La chorégraphie de Russel Ducker est vive, acérée, percutante dans un style que je qualifierai de Mc Gregor artistique. Il s'agit, je cite d'un pas deux qui montre la tension physique et sensuelle entre un homme et une femme lors de leur rencontre et comment se construisent des rêves qui s'effondreront.  Kazuko Omori y est sensationnelle. Il n'y a pas à dire le couple Omori/Ducker est mon chouchou de la soirée.

Le clou de la soirée reste à venir avec Bourbon Street. Le ton est donné: il est 19h00 à la Nouvelle Orleans, nous sommes dans un bar avec orquestre jazz (l'orquestre New Orleans Pussycat). C'est l'heure de se laisser porter par la musique et de danser.
On retrouve la musique en directe ET sur scène, même si l'orquestre est en fond de scène. les musiciens enchaînent les morceaux jazz, les danseurs et danseuses enchaînent les danses chorégraphiées par Ángel Corella et Russel Ducker. Solo, duo, trio, tous ensemble, tout le monde participe exactement comme s'il ou elle se trouvait réellement dans un bar musical. Et il y a de vrais pas de lindy hop! Je ne pensais pas que cela passerai aussi facilement avec du classique et pourtant ça me parait maintenant une évidence. En habits d'époque et chaussures les danseurs s'en donnet à coeur joie. Chacun a sa personalité et son propre rôle: ami-e-s qui se retrouvent autour d'un verre, couple qui se rencontrent, se retrouvent, se séduisent et surtout qui dansent, juste pour le plaisir. Cette pièce est un petit chef d'oeuvre qui fera sans nul doute la joie du public pendant longtemps.


viernes, 6 de junio de 2014

A+A: Ángel Corella et Ara Malikian

4 juin 2014 20h00 : c'est l'effervescence devant le Teatre Tivoli à Barcelone. Et pour cause! Dans une trentaine de minutes, le rideau s'ouvrira sur la Première du spectacle conçu par Ángel Corella et Ara Malikian. Ce sera pour nous autres spectateurs et spectatrices, balletomanes et mélomanes l'occasion de voir réunis 2 grands noms de la danse et de la musique. Et quand on sait que ce sera aussi sans doute l'une des dernières oportunités de voir Ángel Corella sur scène on comprend aisément l'importance de cette soirée.

A+A est donc née de l'idée d'Ángel Corella et Ara Malikian de faire un spectacle ensemble et de faire cohabiter danseurs/danseuses et musicien-ne-s sur scène. Ce sont donc 3 couples de danseurs du Corella Ballet et les musicien-ne-s de la Orchestra en el Tejado qui se partagent le plateau en un dialogue riche et savoureux. Car en effet, il est bien question de dialogue entre danse et musique, les danseurs répondant aux musicien-ne-s et inversément. S'il y a un fil conducteur à cette soirée c'est la complicité qui règne entre tous les protagonistes. L'orchestre n'est pas cantonné dans un coin de scène, les interprètes sont debout, marchent, dansent presque par moment sans pour autant gêner les danseurs et danseuses.

La 1ere partie du programme rend hommage à Tchaikovski avec Blithe Wick, une chorégraphie d'Ángel Corella sur le célèbre Souvenir de Florence. Trois couples de danseurs se succèdent sur chacun des mouvements de l'oeuvre. Ángel Corella est un virtuose qui sait mettre en avant le talent de chacun-e de ses danseurs. On retrouve avec plaisir la sublime Natalia Tapia au coté d'Ángel Corella et la virtuose Kazumo Omori au coté du pétillant Russel Ducker dans un pas de deux vif et enjoué. Le 2eme mouvement est un très beau pas de deux/pas de huit entre Carmen Corella, très lyrique, Dayron Vera et les musicien-ne-s.
La 2eme partie s'ouvre sur After the Rain de Christopher Wheeldon sur une musique d'Arvo Pärt avec Carmen Corella et Dayron Vera. Cette pièce est la seule à ne pas être une création. Là encore on apprécie la présence des musicien-ne-s sur scène et, si on connaît donc déjà la pièce, cela donne un air de nouveauté et de redécouverte.
Le reste du programme a été spècialement crée pour l'occasion.Aux pièces chorégraphiques d'Ángel Corella et Russel Ducker s'intercalent des intermèdes musicaux, compositions d'Ara Malikian et Humberto Armas.
Mieux qu'un long commentaire je vous invite à aller voir ce programme. Un spectacle de cette intensité artistique ça ne se raconte pas. Ca se voit et ça se vit.

Danseurs/danseuses:

Natalia TapiaÁngel Corella
Carmen Corella
Dayron Vera
Kazuko Omori
Russel Ducker

 Musiciens/musiciennes:

Ara Malikian
Humberto Armas
Jorge Guillén
Alaia Ferrán
Sara Morgado
Estefanía Villarón