lunes, 19 de diciembre de 2011

Casse-Noisette par le Ballet du Théâtre National de Moscou

Souvenez-vous lorsque, enfant, vous attendiez la nuit de Noël avec impatience afin de pouvoir déballer vos cadeaux. Souvenez-vous de quel cadeau vous rêviez. Non, je ne parle pas des VTT à 10 vitesses, des châteaux Lego et encore moins des Game Boy, Nintendo DS ou autre Ipad ni d'une entrée à Eurodysney. Non, je parle du rêve de tout enfant depuis toujours, du cadeau qui vous donne des étoiles dans les yeux: un casse-noisette.

Casse-noisettes: nom masculin invariable


  • Instrument formé de deux branches que l'on peut rapprocher de façon à casser une noisette placée entre elles deux. (source Larousse)


Comme tous les autres enfants de son âge, Clara ou Maria selon les modes et les versions, l'héroïne du ballet Casse-Noisette, atteint le nirvana lorsque son parrain Drosselmeyer lui offre un casse-noisette (décidemment, l'argument de certains contes et ballets me laissera toujours perplexe).
Mais attention! Clara n'est pas une prolo. Il y a de la place dans la cuisine et c'est pourquoi son casse-noisettes est un peu plus original et encombrant que la normale: il ressemble beaucoup à un petit soldat (ah! l'attrait de l'uniforme sur la gent féminine, même enfantine!). Petit soldat qui casse des noisettes donc. Mais pas que. Voilà donc que celui-ci prend vie et se bat avec une armée de rat. Clara est obligé de sacrifier une chaussure pour le sauver des griffes du méchant Roi des Rats. Un coup de talon sur la tète et zou, adieu les rats! Place aux flocons de neige et à un beau voyage au pays des douceurs: massepain, café d'Arabie, thé de Chine ou encore chocolat chaud d'Espagne. Tout ça est presque aussi beau que de se voir offrir un casse-noisette. Mais les meilleures choses ont une fin et Clara se réveille, son casse-noisette dans les bras. C'était un beau rêve de Noël.

Je viens donc de voir la production du Ballet du Théâtre National Russe de Moscou qui se produisait au Coliseum de Barcelone.
Une bonne surprise vient des décors et costumes beaucoup moins kitsh et sirupeux que ce à quoi je m'attendais ou plutôt redoutais.

Question danse, les solistes sont bons avec une mention spéciale à Anastasia Tsybenova, rayonnante dans le rôle de la poupée au 1er acte et très à l'aise dans la danse arabe.
Clara ( ici Maria) était Olesya Gapienko ou Tatiana Predeina (tous les autres rôles n'avaient qu'un seul titulaire sauf Clara). Aucune indication des dates de distributions sur le programme donc je ne sais pas laquelle j'ai vu.
Qui qu'elle soit, elle fût une jolie Clara, heureuse comme une gosse avec son casse-noisettes puis une belle Princesse amoureuse de son casse-noisette devenu Prince pour l'occasion.
Casse-noisettes était Rauan Orazbayev. Il est bien dans le rôle mais il faut bien avouer que techniquement, ce n'est pas le rôle le plus dur du Répertoire.
Le Prince, Mikhail Mikhailov, fût un partenaire attentif et à l'aise dans les difficultés techniques.
J'ai bien aimé le jeu de Vladimir Babruev, Drosselmeyer.
La déception est venue du corps de ballet. Le corps de ballet masculin n'a pas fait grand chose techniquement parlant, je ne sais donc pas de quoi il est capable ou non. En revanche, la valse des flocons et des fleurs laissait la part belle au corps de ballet féminin. Si quelques unes ont un niveau correct, ce n'est pas le cas de toutes. Pieds pas tendus, sauts lourds, certaines ne décollent même pas entièrement le pied dans les temps levés et franchement, ça la fout mal. J'ai même eu mal pour l'une d'entre elles, visiblement pas à l'aise du tout et à la limite du ridicule.
Autre déception: le pas de deux tronqué. Nous n'avons pas vu les variations, elles sont tout simplement passées à la trappe.Pourquoi??????? Rendez-nous les variations!!!

Pas parfait donc mais heureusement le tout est sauvé par de jolis décors de conte et  par la qualité des solistes qui sont nombreux sur ce ballet.
Si ce n'est pas le meilleur Casse-Noisettes que j'ai vu, je ne m'y suis pas ennuyée non plus et j'ai apprécié plusieurs passages. De quoi ressortir de bonne humeur.




viernes, 16 de diciembre de 2011

Aaron Robinson et Momoko Hirata nommé-e-s Principals du Corella Ballet

Tout est dans le titre. Nominations méritées, c'est le moins qu'on puisse dire. Même si ce n'est qu'un titre et qu'il ne faut pas s'arrêter qu'à ça on ne peut nier qu'il est agréable de voir le talent et le travail reconnus et récompensés.
Toutes mes félicitations.

http://www.angelcorella.com/bailarines.html

J'en profite pour signaler que le Corella Ballet organise des auditions. Si vous êtes intéressé-e-s suivez le lien.

domingo, 11 de diciembre de 2011

Le Coeur et le Courage d'Arantxa Aguirre récompensé au Festival Cinedans

LA nouvelle de la semaine c'est la récompense obtenu par le Coeur et le Courage, documentaire sur l'après Béjart au BBL (Béjart Ballet Lausanne), au Festival Cinedans à Amsterdam.

Ce documentaire dont j'ai déjà parlé ici est un véritable coup de coeur. Je n'ai jamais été aussi "emballée" et touchée par un documentaire. Le seul à lui faire concurrence dans mon palmarès est Ballets Russes, excellente production sur l'aventure humaine et artistique que furent les Ballets Russes.

D'ailleurs en parlant des Ballets Russes, la Caixa Forum à Barcelone accueille jusqu'au 15 janvier une exposition regroupant images d'archives, documentaires vidéos, la diffusion en boucle des ballets les plus emblématiques (comme le Tricorne , les Sylphides, le Spectre de la Rose, etc.), costumes, etc.
Ca vaut le coup d'oeil!

viernes, 2 de diciembre de 2011

La Sylphide ou le triomphe du Ballet Romantique a Terrassa

Dernier programme danse de ce mois de novembre: la Sylphide par le ballet Bolshoï de Bielorussie au Centre Culturel Unnim de Terrassa.
Le Sylphide est, avec Napoli, l'une des oeuvres les plus emblématiques de Bournonville. C'est aussi une référence en matière de ballets dits "romantiques". Crée en 1836 au Théâtre de Copenhague sur une musique de Lovenskjold, la Sylphide a traversé les siècles et fait la ronommée du style si typique de Bournonville. Le ballet est composé de 2 actes. Le 1er est plus dédié à la pantomime tandis que le 2nd acte est un vrai acte blanc dansé.
L'histoire est la suivante: James, jeune écossais fiancé à Effie, est endormie sur son fauteuil. Près de lui, la Sylphide, être surnaturel, le contemple. Elle en est amoureuse. James se réveille et l'aperçoit. Surpris, la mystérieuse sylphide l'attire et le fascine mais son ami Gurn arrive suivi d'amis et d'Effie. 
Une vieille femme entre dans la maison et se chauffe à la cheminée sans y avoir été invitée. James la chasse sans ménagement mais Effie s'interpose avec ses ami-e-s. La vielle femme leur lit la bonne aventure dans les lignes de la main. Elle annonce qu'Effie épousera Gurn et non James. James la chasse violemment.
Le calme revient dans la maison mais surgit la Sylphide qui danse ave james et l'invite à la suivre dans la forèt. James s'en va, abandonnant Effie.

Le 2nd acte s'ouvre sur la forèt où la vieille dame empoisonne une écharpe. Il s'agit en fait de Madge, la sorcière qui souhaite se venger de James et tuer la Sylphide.
La sorcière se retire. Les sylphides font leur entrée, dansent en accueillant James et la Sylphide jusuq'au moment où, resté seul, James est piégé par la sorcière: elle lui tend l'écharpe et lui dit de l'offrir à la Sylphide. James s'exécute mais l'écharpe tue la Sylphide qui meurt dans ses bras. C'est alors qu'il entend la musique d'une noce. Effie et Gurn seront bien mariés comme l'avait prédit Madge. James a tout perdu.

L'histoire n'est pas très gaie, c'est le propre des ballets romantiques peuplés d'esprits et de fantômes. Il en résulte un très beau ballet, surtout le 2nd acte dans lequel le corps de ballet nous offre un véritabñe moment de grâce.

Ce soir c'était donc le Ballet du Théàtre Bolshoï de Bielorussie qui dansait. Si les filles ont plus ou moins l'esprit Bournonville, les garçons ne semblent pas en avoir saisi les subtilités à l'exception d'Igor Artamonov, James.
Il y un petit rôle pour une petite fille dans le 1er acte, généralement pour une petite élève de l'école de danse. Ce soir, c'est une femme qui a tenu ce rôle et ce n'était pas très clair qu'elle jouait un rôle d'enfant. Cela donnait des situations assez cocasses, notamment lorsqu'elle se fait sermoner et tirer les oreilles parce qu'elle veut qu'on lui lise les lignes de la main.
Nadezhda Filippova, Effie, joue bien son rôle mais techiquement ce sont surtout james, la Sylphide et le corps de ballet féminin du 2nd acte qui s'y collent.
Olga Gaiko, la Sylphide, est très gracieuse et mutine, joueuse et malicieuse avec James. Elle est cependant un peu trop terrienne pour le rôle. Son jeu de jambes et de pointes est correct mais ses bras manquent de travail.
Oleg Turko, Madge, est excellent dans le rôle. Sa Madge est diabolique, sournoise, maléfique comme le rôle l'exige.
Igor Artamonov, James, tient très bien son rôle. Il est rêveur et insouciant au début, il n'a d'yeux que pour la Sylphide, oubliant sa fiancée. Il se laisse charmer par la Sylphide et n'hésite pas longtemps pour la suivre. On le découvre alors amoureux passionné mais son désespoir et sa douleur seront à la hauteur de son amour fou. Techniquement, ses variations, difficiles, sont réussies.
Je retiens aussi de cette soirée le corps de ballet féminin. Les sylphides sont toutes honorables. Une petite coordination supplémentaire serait quand mème de rigueur. La danse écossaise du 1er acte est très bien réglée.
Quant à la production elle-même j'ai trouvé les décors très beaux et réussis. Les tutus des sylphides sont superbes, légers, vaporeux.

La salle a apprécié et l'a montré. Ca fait plaisir de voir le public applaudir chaleureusement. En tout cas c'est clair que la danse, et qui plus est, la danse classique, compte de nombreux fans et amateurs en Catalogne. Et Terrassa n'est pas en reste. Le Centre Culturel annonce déjà une soirée ballet avec les danseurs de l'Opéra de Paris le 26 février, la Compagnie David Campos le 11 mars, Victor Ullate le 28 avril et un gala le 27 mai.
Prenez note dans votre agenda!


jueves, 1 de diciembre de 2011

Prix de Lausanne : le calendrier de l'avent

Pour les 40 ans du Prix cette année, le Prix de Lausanne nous a concocté un calendrier de l'avent en vidéo.
Enjoy!

domingo, 27 de noviembre de 2011

Ulyana Lopatkina, l'inconnue du Liceu

La 2eme représentation du Marinsky avait tout pour faire rêver. Et le rêve a bien eu lieu pour moi. Mais pas pour tout le monde.
Ce mercredi 23 novembre Medora était interprétée par Ulyana Lopatkina, Conrad par Andrei Yermakov, Gulnare par Maria Shirinkina, Ali par Filipp Stepin et Lankedem par Maxin Zyuzin.

Je ne reviens pas sur l'histoire ni sur la production de Marinsky, pour cela je vous renvoie à mon billet précédent.

Ulyana Lopatkina. La Lopatkina ici, à Barcelone, au Gran Teatre del Liceu. Le rendez-vous était de taille. Qui, parmis le public de ballet ne connaît pas Lopatkina? Les habitué-e-s du Liceu. On ne peut guère leur en vouloir dans la mesure où ils et elles n'ont pas l'air de connaître le Marinsky non plus. Attention, je ne blâme pas les néophytes qui ne connaissent pas tel ou telle Etoile de renommée mondiale. On a le droit d'être néophyte, de ne pas connaître. Ce que je ne supporte pas c'est un public qui ne s'intéresse pas à ce qui se passe sur scène et qui manque de respect au reste du public et aux artistes sur scène.
J'avais trouvé le public très froid lors de la Première et cela s'est amèrement confirmé.
Le public ne daigne pas applaudir une variation d'un-e soliste ou Etoile du Marinsky. En revanche, il répond au téléphone dans la salle pendant le spectacle, discute à voix très haute de son prochain week-end, triture son papier de bonbon dans tout les sens afin de mieux le faire crisser. Voir ou être vu. Moi je viens pour voir la compagnie. Pas pour être vue. Je croyais qu'on n'était plus au temps de Balzac.
Je vais m'arrêter là car je risque fort de devnir désagréable tant je suis révulsée.

La représentation a été sublime de bout en bout. Les 3 odalisques, Svetlana Ivanova, Iana Selina et Anastassia Nikitina, les mêmes pour toutes les représentations sont toujours exquises même si une légère glissade est venue déstabiliser l'une d'elle.
Le Pacha, toujours Vladimir Ponomarev, campe encore un idiot parfait.
La danse de caractère des pirates au 2eme acte est toujours très réussie.

Maxin Zyuzin est pas mal du tout en Lankedem. Il a bon jeu d'acteur et une technique à faire plus d'un jaloux.
Maria Shirinkina est une Gulnare douce, un peu princesse. J'ai beaucoup aimé sa variation du jardin enchanté.
La danse de Filipp Stepin, Ali, est puissante mais un peu saccadée. Cela durcit sa variation qui du coup manque de fluidité.
Andrei Yermakov, Conrad, est magnifique. Belle prestance, technique excellente, un physique de Prince charmant. On comprend que Medora soit sous le charme.
Quant à Medora justement, Ulyana Lopatkina, elle semble irréelle tant elle est parfaite. Un physique de rêve, une technique sans faille, une présence, une aura naturelle: cela devrait être interdit d'être aussi parfaite.
Sa Medora est moins soumise et craintive que celle de Tereshkina. Elle est digne et combattive face à Lankedem et au Pacha. Je n'avais pas remarqué, lors de la Première, que Medora taillade le bras de Lankedem avec un pignard au 2nd acte, lorsque Conrad est endormi. Ce soir je l'ai pourtant bien vu.
Toutes ses variations sont sublimissimes et ses fouettés sont parmis les plus beaux qu'il m'ait été permis de voir. Pas de 100 mètres brasse à l'horizon mais des tours d'une beauté incroyable et sur place. Il y en a tellement qui voyagent durant leur fouettés. Lopatkina, elle, ne bouge pas d'un orteil.

Le corps de ballet est à couper le souffle. Ma première impression se confirme: le Ballet du Marinsky est une Etoile brillante parmis les meilleures compagnies actuelles.

Et encore une fois, comme lors de la première, les danseurs et danseuses ont failli recevoir le rideau sur leur tête. Le rideau s'est refermé avant la fin des 1ers saluts et les gens se sont levés et sont partis. Sans applaudir.
J'ai vu des spectacles de plus ou moins bonne qualité dans des dizaines de salle de spectacle. Des plus prestigieuses aux plus simples. Je n'avais JAMAIS vu ça.

sábado, 26 de noviembre de 2011

Le ballet du Marinsky au Liceu

Le Ballet du Marinsky de Saint Petersbourg est actuellement en tournée a Barcelone et se produit au célèbre Gran Teatre del Liceu.
La compagnie a emmené dans ses bagages sa production du Corsaire.
J'étais un peu déçue, le Corsaire n'étant pas mon ballet préfèré. Mais le Marinsky ne nous fait pas tous les jours l'honneur de sa visite et comme il est un peu compliqué de faire un aller-retour à Saint Petersbourg , je n'ai pas voulu faire la fine bouche et j'ai réservé 3 soirées.
La Première a eu lieu lundi soir avec Viktoria Tereshkina en Medora, Danila Korstuntsev en Conrad, Vladimir Shklyarov en Ali, Anastassia Kolegova en Gulnare et Aleksei Timofeev en Lankedem.

Avant de passer au compte rendu de la soirée, je souhaite parler un peu de ce ballet.
Le Corsaire a été crée en 1856 à l'Opéra de Paris sur une musique d'Adolphe Adam et une chorégraphie de Joseph Mazilier. Marius Petipa en a fait une adaptation pour le Ballet Impérial de Saint Petersbourg 2 ans plus tard. La version que nous verrons ce soir est une adaptation de la version de Petipa par Piotr Gusev, donnée pour la 1ere fois dans sa version définitive au Théâtre Kirov à l'époque (Marinsky donc) en 1987. Le livret original a été simplifié. Que nous réserve cette nouvelle mouture?
L'histoire est basée sur un poème de Lord Byron. Je n'ai jamais lu ce fameux poème de Byron. Chez les Byron, je retiens surtout la fille, Ada, sans laquelle je n'écrirais pas ce billet et vous ne me liriez pas puisque c'est elle qui a crée le language informatique. Je ne m'avancerai donc pas sur le poème qui a inspiré l'histoire du ballet mais je me pose quelques questions. S'inspirer c'est une chose. C'est bien. Encore faut-il avoir un peu de cohérence. Pour celles et ceux qui ont suivi l'actualité et on commenté sur la légèreté et les incohérences du livret de la Source, et bien ce n'est rien à coté du Corsaire. Je sais bien qu'à cette époque, l'exotisme était le point principal d'un ballet mais à ce stade, cela me laisse un peu perplexe. Sans parler de la misogynie de l'oeuvre. L'histoire du Corsaire n'est guère plus qu'une histoire avec des femmes que les hommes vendent, achètent, enlèvent, rachètent. Et plus cruche que Medora = pas possible. En gros, tout pour me faire fuir. Mais comme rien ne tient la route dans cette histoire et tout est bien qui fini bien: les amoureux sont réunis et les méchants roulés dans la farine et que tout est pretexte à danser variations, pas de deux, pas de trois, pas de tout ce que vous voulez, j'ai oublié l'histoire pour me plonger dans la danse.

Donc en bref, l'histoire est la suivante:
Prologue: Conrad avec Ali et ses comparses corsaires s'échouent sur une plage d'une île grecque.

1er acte:
Medora, belle jeune fille grecque (chacune son truc, il y en a qui qui crée l'informatique et d'autre qui sont belles et c'est tout) se promène avec ses amies et trouve Conrad et son équipage évanouis sur la plage.
Conrad voit Medora et tombe raide amoureux d'elle au premier regard. Mais la patrouille turque guette et fait Medora et ses amies prisonnières pour le bonheur de Lankedem, marchand d'esclaves.
Tout ce joli monde se retrouve sur la place du marché avec le Pacha du coin venu renouveler son cheptel harem. Il achète Gulnare et Medora. Mais au moment d'embarquer cette dernière, un mystérieux acheteur fait monter les enchères. Il s'agit de Conrad (il a gagné au loto depuis son naufrage pour avoir une bourse aussi gonflée?) et voilà Medora, ses amies et Conrad qui échappent au Pacha pour les unes et à la garde turque pour l'autre tout en embarquant au passage l'argent de Lankedem.

2eme acte:
Rendez-vous sur une île grecque pour fèter l'arrivée de Conrad, Medora et leur équipe de joyeux corsaires. Ils arrivent en bateau. Mais quel bateau? Ils n'avaient pas fait naufrage? Ils ont eu le temps d'acheter un nouveau bateau avec toute l'armée turque à leur trousse? Ils ont fait escale aussi. Medora a fait du shopping fringue, elle a changé de tenue 3 fois. Lankedem est aussi de la partie mais en tant que prisonnier. Conrad, Medora et Ali nous offre le fameux pas de 3.
Après avoir bien dansé, les amies de Medora demandent à être ramenées chez elles mais les corsaires, à part Conrad, ne veulent pas les laisser partir. S'ensuit un conflit avec Conrad et Lankedem, témoin de la scène, va en tirer profit. Il se fait libérer par les hommes de Conrad et empoisonne un bouquet avec une potion soporifique qu'il offre a Medora. Bien sûr Medora accepte avec un grand sourire et en remerciant le bouquet offert par l'homme qui l'a enlevée et vendue. Bien sûr.
Elle offre le bouquet à Conrad. Celui-ci le respire comme s'il voulait se shooter dedans et tombe raide endormi. Lankedem en profite pour re-enlever Medora et l'amener chez le Pacha.

3eme acte: Medora retrouve Gulnare, la star du harem qui n'a qu'à bien se tenir: Medora va lui chiper sa place de favorite illico. Mais Gulnare n'est pas jalouse et les voilà meilleures amies du monde à danser ensemble dans un merveilleux jardin enchanté et rose bonbon.
Des pélerins arrivent chez le Pacha. Il s'agit en réalité de Conrad et ses copains venus chercher Medora. Le pacha se fait avoir comme...comme...je ne sais pas. Il n'y a pas de mot. Il faut le voir pour le croire tellement c'est stupide. Lankedem et le Pacha sont bien attrapés!

Epilogue: Conrad, Ali, Medora et Gulnare navigue sur les flots pour de nouvelles aventures. Aucune information ne nous ai données quant a l'origine du bateau qui les transporte (je vous rappelle que leur bateau s'est fracassé sur les rochers lors du prologue et qu'ils ont tout perdu).

Bon voyage! Et bon vent!

Revenons à la soirée de lundi et considérons la chose d'un point de vue balletesque.

Dès le prologue, on voit que le Marinsky n'a pas lésiné sur les moyens et on s'apprête à en avoir plein les yeux. Les effets spéciaux du prologue sont très bien faits. On croit vraiment voir la pluie tomber et le bateau commencer à sombrer. Les décors sont magnifiques, très convaincants. On imagine bien cette plage où Conrad vient s'échouer. Les costumes ausi sont sublimes. Tout est un plaisir des yeux. Mis à part un peu la scène du Jardin Enchanté, un peu trop rose bonbon à mon goût.
On en a vraiment plein la vue. Mais cette richesse des décors et costumes ne vient pas masquer une quelconque défaillance technique ou artistique. Les danseurs et danseuses, Etoiles, solistes ou corps de ballet sont tous et toutes d'un excellent niveau.
Dès le lever du rideau du 1er acte, on voit que la compagnie est au top de sa forme. Tout est géré au millimètre près, maîtrisé.
Le corps de ballet est excellent. Les ensembles sont parfaits, la technique maîtrisée, le style raffiné. Le vrai cachet Marinsky comme on l'attend.
Le pas de 3 des Odalisques est un pur moment de bonheur. Svetlana Ivanova, Iana Selina et Anastassia Nikitina sont sublimes.  Les danses de caractère, notamment au 2eme acte, sont extrêmenent bien réglées et interprétées. Les danseurs et danseuses nous projettent leur puissance, leur chaleur, leur énergie, leur force.
Le pas de deux d'Anastassia Kolegova (Gulnare) et Aleksei Timofeev (Lankedem) au 1er acte est grandiose. Anastassia a des jambes et des bras magnifiques. Sa variation est un petit bijou.
Aleksei n'est pas en reste et nous offre une prestation de 1er choix. Il a de très beaux sauts, beaucoup de force et d'énergie. Et il arrive à rendre son rôle crédible (lisez plus haut, c'était pourtant pas gagné).
La Pacha, Vladimir Ponomarev, est un excellent acteur. Son rôle me fait un peu penser à celui de Gamache dans Don Quichotte. Ce n'est pas si facile de jouer l'idiot.
Quant au trio Tersehkina-Korstuntsev-Shklyarov il fonctionne à merveille. Cela se voit et se sent tout au long du ballet et prend toute sa mesure lors du pas de 3.
Vladimir Shklyarov est impressionnant de technique. Il est presque aussi spectaculaire qu'Aaron Robinson (maintenant ma référence absolue en matière de variation du Corsaire). Il a une qualité de saut incroyable et ses tours, qu'ils soient en l'air, à la seconde, à tout ce que vous voulez, sont toujours parfaits.
Danila Korstuntsev est un Conrad sûr de lui, très amoureux de sa chère Medora et théâtral dans son jeu d'acteur.
Quant à Viktoria Tereshkina, elle est une vraie Medora. Techniquement impecable, elle est une Medora douce et soumise. En Même temps, vu le livret, on l'imagine mal se mettre à nous faire une démonstration de kung-fu dont Lankedem et ses comparses esclavagistes en feraient les frais.
Elle est suberbe dans chacune de ses variations et j'aime beaucoup ses fouettés, très "classe" pas "bourrin" comme je trouve que sont la plupart des fouettés des danseuses russes. J'ai toujours l'impression qu'elles ne dansent pas mais tentent de remporter le 200m brasse aux JO. Viktoria Tereshkina échappe heureusement à cette règle.

Le ballet dans son ensemble est spectaculaire pour tout balletomanes qui se respecte. Il y a de nombreuses variations, laissant la chance aux danseurs et danseuses d'avoir un "petit" rôle. Tout est bien proportionné entre le rôle du corps de ballet, des solistes, des Etoiles. Il n'y a pas de temps mort. Il y a quelques scènes de pantomime mais pas trop longues, le Corsaire se raconte en dansant et on ne s'ennuit pas une seconde, une variation, un pas de deux chassant l'autre. Mais pour honnorer ce ballet techniquement difficile, il faut une compagnie de premier choix.
Ce soir de Première, le Ballet du Marinski a brillé de mille feux, faisant de lui, à mon sens l'une des 2 ou 3 meilleures, voire la meilleure compagnie du monde.

Par contre les saluts ont été un peu chaotiques. ca commence avec les musiciens et musiciennes de l'orchestre du Marinsky. Lorsque leur chef, Aleksei Repnikov, est venu saluer sur scène et leur a rendu hommage, on a vu que la fosse était déjà à moitié vide et que la moitié restante était bien pressée de partir. Je n'aime pas ça. C'est peut-être saoûlant d'accompagner un ballet mais ça n'est pas une raison suffisante pour avoir ce genre de comportement à mon sens.
Ensuite, les danseurs ont commencé à s'avancer pour venir resaluer et le rideau s'est fermé sur eux et sur elles. J'ai cru un instant qu'ils allaient le recevoir sur la tête. Heuresement, on a finalement pu les appaludir comme il se devait. Même si je pensais que les applaudissements et les bravos seraient plus soutenus vu le niveau de ce que nous avions vu.

viernes, 18 de noviembre de 2011

Nouveau triomphe du Corella Ballet au théâtre Tivoli de Barcelone

En ce mercredi soir, me voilà une fois de plus au théâtre Tivoli de Barcelone, théàtre que je ne présente plus, pour assister au nouveau programme du Corella Ballet.

La soirée commence par Polyphonia de Christopher Wheeldon sur une musique de Ligeti. Il s'agissait d'une Première en Espagne.
Polyphonia, bien connu des habitué-e-s du concours de Lausanne, du moins pour sa variation, est un ballet magnifique, sérieux et léger à la fois alternant figures géométriques, parties lyriques et passages enlevés. Je crois bien qu'il s'agit de mon ballet préféré de Wheeldon avec For 4.
Grâce à ses interprètes, le public a pu goûter et apprécier la saveur de cette pièce.
Les danseurs et danseuses sont visiblement a l'aise dans cette chorégraphie pourtant difficile. Ils et elles ont totalement intégré le style.
Leire Cabrera et Toby Mallit forme un couple bien assorti et qui se joue des difficultés. Le ton est donné.
Ana Calderón est juste parfaite. Tout comme Maria Jose Sales et Cristina Casa. Elles ont toutes de très belles pointes vives, précises et acérées, ce qui sied aux exigences de la chorégraphie.
Les garçons, Tobby Mallit, Francisco Estévez, Russel Ducker et Carlos Taravillo,  sont tous impressionnants. Ils sont tous dans le corps de ballet mais leur niveau correspond plus à un niveau de soliste. Il faut dire que, malgré la présence de "grade", les rôles de solistes ne sont pas réservé exclusivement aux "principales" ou solistes.
Le succès est au rendez-vous. Le public est conquis par ce début de programme. Moi aussi.

En 2eme partie, 4 pas de deux du Répertoire s'enchaînent sous nos yeux émerveillés.
Gisèle pour commencer. le pas de deux du 2eme acte dansé par Carmen Corella et Dayron Vera. Je n'imaginais pas Carmen en Gisèle. Elle défend pourtant bien le rôle malgré une danse un peu trop terrienne à mon goût.
Dayron Vera est convaincant en Albrecht. L'émotion passe malgré le fait que ce soit "à froid". Très réussi.

Suivait le pas de deux de Coppélia par Kazuko Omori et Kirill Radev. Kirill est un très beau Frantz au sourire enjôleur et techniquement il n'y a rien à redire. Sa variation et sa coda sont un plaisir des yeux. Belle batterie, jolis tours, bonne élévation. Que demander de plus?
Kazuko a une solide technique qui lui permet de se jouer de toutes les difficultés. Dommage que son sourire soit un peu figé.Quant à sa robe, elle ne la flattait pas du tout. Mais vraiment pas du tout.

Incontournable dans tout programme de pas de deux qui se respecte: Esmeralda. Ce soir se sont Natalia Tapia et Yevgen Uzlenkov qui s'y collent. Je n'aime pas les fouettés de Natalia et ses triples voire quadruples pirouettes ne sont pas toujours de bon aloi mais le reste est joliement mené de main de main de maître.
Yevgen Uzlenkov est époustouflant. Il dévore la scène et brûle les planches. Magnifique.

Et pour le bouquet final, Momoko Hirata et Aaron Robinson nous interprètent le pas de deux du Corsaire.
Momoko est spectaculaire dans ce pas de deux: technique sans faille, lyrique dans l'adage, vive et piquante dans sa variation, grandiose pour la coda. Ses fouettés sont superbes.
Aaron Robinson est soliste de la compagnie. Heu, c'est une blague??????? Pour info, la hierarchie du Corella Ballet débute par le statut de "corps de ballet", puis "soliste", puis "1ers solistes" et enfin "principal". Aaron est une Etoile en puissance. Il laisse sans voix. Son Corsaire ce soir restera dans les annales de la Danse. J'ai cru que je n'allais pas m'en remettre. La salle toute entière non plus apparament. Je crois que le fan club s'agrandit.

La dernière partie présentait Suspended in time, une oeuvre signée Angel Corella, Russel Ducker et Kirill Radev sur des musiques d'Eletric Light Orchestra.
L'idée de chorégraphier à 3 est intéressante. D'autant plus lorsqu'il s'agit de laisser créer les danseurs de la compagnie. Et c'est plus que réussi!
C'est Angel qui ouvre le bal dans un magnifique solo, The Fall. T-shirt et jeans pour les garçons, robes unies pastel pour les filles, décor lumineux. C'est simple mais c'est esthétique. Ce qui n'est pas simple (dans le sens de pas facile) en revanche, c'est la chorégraphie. Angel et ses danseurs y démontrent leur virtuosité. Tout paraît si facile, si naturel. Comme s'il s'agissait d'un jeu.
Difficile de dire quels morceaux j'ai préféré. J'ai particulièrement aimé The Fall, Xandú, Rain is falling et I'm Alive. En fait j'ai tout aimé.
Dans Xandú, Natalia Tapia, Momoko Hirata; Ana Calderón, Kirill Radev, Aaron Robinson et Francisco Estévez nous entrainent dans un tourbillon de danse ébouriffant.
Rain is falling est un pas de deux absolummnet sublime dansé ce soir par Cristina Casa et Yevgen Uzlenkov. J'ai été totalement transportée.
Voilà un ballet qui respire la joie de vivre et de danser et qui met le classique à l'honneur...en jeans.
Une bouffée d'oxygène comme on aimerait en voir plus souvent.

Le public a réservé une ovation debout à la compagnie.
Le Corella Ballet est au Tivoli jusqu'au 27 novembre.

martes, 15 de noviembre de 2011

Le Corella Ballet à Terrassa

Comme je l'avais annoncé précédement, le Corella Ballet s'est produit ce week-end au Centre Cuturel Unnim de Terrassa. Cette ville proche de Barcelone a le grand avantage de posséder un beau centre culturel où, pour un prix correct, on peut assister à une excellente saison de ballets (et d'autres formes d'arts) dans une salle qui s'y prête. On y voit depuis toutes les places sans être gêné par ses voisins de devant. Et qu'est-ce que ça fait du bien de voir toute la scène!

Le programme de ce week-end comprenait 4 pièces de styles différents:  Suite de Raymonda, For 4, Solea et DGV. Ce même programme avait été donné l'an dernier, j'avais livré mes impressions ICI et encore LA.
J'étais ravie d'aller revoir le spectacle et j'avais raison d'être ravie d'avance.

Une heure avant la représentation, la salle a rendez-vous avec Matthew Bledsoe et Angel Corella en personne pour nous présenter la compagnie.
Retour sur les débuts fulgurants d'Angel au concours de danse de Paris en 1994 d'où a suivi son engagement à l'American Ballet Theater.
Retour sur un triste constat: l'Espagne regorge de bons danseurs faisant carrière dans les compagnies les plus prestigieuses et pourtant il n'y avait aucune compagnie de Répertoire en Espagne. Je dis bien "avait" car aujourd'hui, le Corella Ballet est la seule compagnie de Répertoire en Espagne.
Pour ce faire, Angel Corella a créer sa Fondation, organisé des auditions anonymes et a enfin pu fonder sa compagnie.
Angel le répète: si la compagnie reste ouverte à différents styles, elle est avant tout une compagnie de Répertoire dont le but est de conserver et présenter les grands Ballets classiques. 
Pour l'anecdote, les auditions se sont faites de façon anonyme donc. Ni le nom ni la nationalité des candidat-e-s n'étaient divulgués au jury. Résultats: 60% des candidat-e-s retenu-e-s se sont avérés être des espagnol-e-s obligé-e-s de s'expatrier pour faire carrière. Comme quoi l'Espagne est riche d'une culture du Ballet et possède maintes écoles et conservatoires où sont dispensées des cours de qualité.

Credit photo Obra Social d' Unnim Caixa
Le rideau s'ouvre sur Suite de Raymonda, chorégraphie de Petipas et Gorsky.
Carmen Corella et Dayron Vera forment le couple Raymonda/Jean de Brienne. Carmen a indéniablement le style et l'allure du rôle. Dayron Vera excelle dans la variation. Il possède un beau physique de Prince et un charisme à toute épreuve.
Les amies étaient ce soir là les ravissantes Kazuko Omori, Ana Calderón, Cristina Casa et Maria José Sales. Toutes sont excellentes.
Le pas de 4 des garçons, dansé par Kirill Radev, Ion Agirretxe, Russel Ducker et Francisco Estévez manquait un peu de coordination par moment mais le talent est là.

Un entracte plus tard, la 2eme partie du programme débute avec For 4, petit chef d'oeuvre de Christopher Wheeldon sur La Jeune Fille et la Mort de Schubert. Plus je vois ce ballet et plus je l'aime et l'apprécie. Voilà une pièce virtuose, à "performers" même pourait-on dire mais qui garde une dimension artistique et émotionnelle immense. J'ai toujours des frissons lorsque, dans l'ombre, la silhouettes des danseurs commence à dessiner la chorégraphie. Musique et chorégraphie se fondent l'une dans l'autre. Un quatuor à cordes pour un quatuor de danse, les "Rois de la Danse" formé alors d'Ethan Stiefel, Johan Kobborg, Nokolai Tsiskaridze et Angel Corella.
La pièce met en valeur chaque danseur tant sur le plan technique qu'artistique.
Yevgen Uzlenko, Kirill Radev, Aaron Robinson et Jonatan Díaz me laissent sans voix tant leur interprétation est à couper le souffle. On tient là un quatuor de danseurs d'exception. Et mon coup de coeur pour Aaron se confirme encore une fois. Il a tout pour lui: la technique, le charisme, un physique de rêve et ce petit truc en plus qui fait qu'on ne voit que lui sur scène.
Le public ne s'y est pas trompé et a réservé une véritable ovation à ce quatuor virtuose.

Credit photo: Obra Social d'Unnim Caixa
Suivait Solea, petit bijou de Maria Pagès pour Angel et Carmen Corella sur une musique de Rúben Leganiegos. La complicité entre le frère et la soeur est à l'honneur dans ce pas de deux aux accents flamencos. La danse est belle, émouvante et virtuose. Angel nous régale encore et toujours de manèges et tours à la seconde parfaits.

La dernière partie  nous présentait DGV: Danse à Grande Vitesse de Christopher Wheeldon sur la musique spécialement composée par Michael Nyman pour le lancement de la ligne TGV Lille-Paris. Inspiration originale et bien menée. Les danseurs s'investissent à fond et font preuve d'une maitrise absolue. Les 4 couples qui se succèdent sont en parfaites osmose. Maria Jose Sales et Dayron Vera en 1er couple confirment une fois de plus qu'ils sont une valeur sûre de la compagnie avec leur ligne impeccable et leur technique sans faille. Natalia Tapia forme avec Aaron Robinson un 3eme couple unique. Encore une fois Aaron est tout simplement merveilleux (oui je suis fan, c'est officiel).   On remarque également la belle énergie du 2eme couple formé d'Ana Calderón et Russel Ducker et du 4eme couple dansé par Momoko Hirata et Yevgen Uzlenkov.
Le corps de ballet est impressionnant: ensemble, énergie, technique, il y a une dynamique qui happe le public.
Le tout est captivant, limite hypnotisant. Dommage que la pièce soit un peu trop longue à mon sens, elle finit par perdre en intensité. Et ce n'est pas la faute des danseurs. Tous et toutes sont excellents et se sont vraiment approprié cette oeuvre. On voit qu'un peaufinage a eu lieu depuis les représentations de la saison dernière.

Credit photo: Obra Social d'Unnim Caixa

La troupe nous a prouvé une fois de plus qu'il faut compter avec elle dans la cour des grandes compagnies. Tout ça grâce à la ténacité d'Angel Corella et ses collaborateurs et au talent ds danseurs et danseuses. le corps de ballet est solide et c'est primordial pour une compagnie de Répertoire digne de ce nom. Et on compte quelques diamands parmis les danseurs.

La compagnie se produira dès demain au Teatro Tivoli de Barcelone avec un programme de pas de deux (Gisèle, le Corsaire, ...) ainsi que Polyphonia de Wheeldon. Ce sera une première en Espagne.

Quant au Centre Culturel Unnim de Terassa, il accueillera le Ballet du Théâtre Bolshoï de Bielorussie le 27 novembre. A l'affiche: la Sylphide version Bournonville. Autrement dit une soirée à ne surtout pas rater.


lunes, 14 de noviembre de 2011

Concours de promotion du Ballet de l'Opéra de Paris

Comme chaque année, le concours de promotion interne de l'ODP aura eu son lot de débat et de polémique.
Je n'ai pas assisté au concours donc je transmet les résultats ici à titre informatif.
Il n'empêche que je connais certains et certaines des candidat-e-s et que je m'étonne de voir stagner certains talents comme Eléonore Guérineau par exemple. Et non, cette année non plus pas de nomination pour elle malgré le fait que tout le monde soit d'accord quant à son potentiel.
C'est parfois à se demander si l'ODP ne se saborde pas lui-même.

Les résultats:

Chez les femmes, classe des quadrilles:

1. Marine Ganio promue choryphée
2. Juliette Hilaire promue choryphée
3. Lydie Vareilhes promue choryphée
4. Letizia Galloni promue choryphée

5. Jennifer Visocchi
6. Léonore Baulac

classe des choryphées:

1. Silvia Saint-Martin promue sujet
2. Lucie Clément promue sujet

3. Caroline Robert
promue sujet 4. Eléonore Guérineau
5. Charlotte Ranson
6. Aubane Philbert

classe des sujets:

1. Alice Renavand promue 1ere danseuse 2. Amandine Albisson
3. Héloïse Bourdon
4. Aurélia Bellet
5. Charline Giezendanner
6. Laura Hecquet

Chez les hommes, classe des quadrilles:

1. François Alu  promu choryphée
2. Maxime Thomas  promu choryphée
3. Takeru Coste
4. Alexandre Labrot
5. Florent Melac
6. Cyril Chockroun

classe des coryphées:

1. Pierre-Arthur Raveau promu sujet2. Alexandre Gasse
3. Sébastien Bertaud
4. Axel Ibot
5. Yann Chailloux
6. Grégory Dominiak 

Je regrette l'absence au palmarés d'éléonore Guérineau mais aussi de Léonore Baulac et d'Emilie Hasboun qui sont toujours radieuses sur scène et dégage quelque chose, un charisme.
Je ne reviendrai pas sur la polémique Alice Renavand. Pour moi elle n'a pas volé sa place et ce n'est finalement que justice vu qu'elle occupe officieusement la place d'une 1ere danseuse depuis longtemps. Elle a toujours assuré dans tous les rôles qui lui ont été confiés.
Alors oui, Les autres sont ravissantes aussi. Mais il n'y a qu'une place. C'est cruel mais c'est comme ça.

Et puis j'ai envie de dire qu'il n'y a pas que l'ODP pour faire une belle carrière. J'imagine que tous ces talents oubliés trouvent leur compte à l'ODP et c'est tant mieux pour eux et elles si c'est le cas. Sinon, le monde est vaste.

Quelques chanceuses ont pu assister au concours comme Amélie de Danse avec la Plume , Cams et Pink Lady

martes, 8 de noviembre de 2011

A ne pas rater ce mois ci!

Ce mois de novembre va être riche, très riche en danse classique et c'est tant mieux!

Ce samedi 12 à 21h00 et dimanche 13 à 18h00, le Corella Ballet sera à l'affiche du Centre Cultural Unnim de Terrassa en banlieue de Barcelone.
L'occasion de voir ou revoir cet excellent programme qu'est Raymonda Suite, For 4, Solea et DGV.
A ne surtout pas rater si vous êtes dans le coin (et même si vous n'êtes pas dans le coin vous pouvez venir exprès!)

Corella Ballet toujours mais dans un autre programme, du 16 au 27 novembre au Teatro Tivoli de Barcelone.
A l'affiche, Polyphonia de Wheeldon ainsi que des pas de deux du Répertoire.

Retour au Centre Cultural Unnim de Terrassa le 26 novembre avec la Sylphide version Bournonville par le Ballet de Bielorussie.

Et bien sûr le ballet du Mariinsky au Gran Teatre del Liceu du 21 au 26 novembre dans le Corsaire.

Tous ces programmes , bien que différents, me mettent l'eau à la bouche. Voilà de quoi oublier ce temps de mousson qui nous plombe depuis des jours!

Et puis comme il n'y a pas que le classique dans la Danse, du 24 au 27 novembre, al Sydney Dance Company se produira au théâtre Mercat de les flors dans des chorégraphies du catalan Rafael Bonachela qui est aussi le Directeur artistique de la compagnie.

Enjoy!

jueves, 3 de noviembre de 2011

Lausanne 2012: les sélectionné-e-s sont...

La liste des candidats sélectionnés au Prix de Lausanne 2012 qui aura lieu du 29 janvier au 4 février est consultable ICI.

On remarque la présence d'une élève de l'Institut du Théâtre de Barcelone, Sonia Vinograd ainsi que de 2 garçons venant de l'Académie de Danse Jose Antonio Robles.
A noter la sélection de Carl Van Godtsenhoven, habitué des concours, élève de l'école de danse Terpsichore à Paris ainsi que d'élèves de l'Ecole Supérieure de Danse de Cannes et de l'ENSM de Marseille.

Toujours beuacoup de japonais-e-s et de sud coréen-ne-s. l'Asie est toujours bien représentée.

Bonne chance à tous et à toutes!

Gala Zakharova au Liceu...sans Zakharova

Après un week-end asssez mouvementé et pénible, des jambes en compote, l'énergie d'un plat de nouilles qui auraient boulli 3 heures et un mal de crâne bien ancré me voilà partie pour le Liceu bon gré mal gré en vu d'assister au Gala Zakharova.
Il faut dire qu'à 70€ la place de 3eme catégorie (oui oui vous avez bien lu, la catégorie 3 avec visibilité réduite pour 70€!!!!!!! et je prefère taire le prix de la 1ere catégorie, carrément indécent au vue de la situation économique actuelle) je me voyais mal rester à la maison devant un verre d'aspirine. Et à ce prix là, je n'ai pas imaginé un instant pouvoir revendre ma place.
Ca ne partait dájà pas très bien...
Me voici donc au Liceu et là j'apprends que Zakharova ne dansera pas ce soir. Cela ne m'a pas surprise à vrai dire. Ce n'est pas la 1ere fois qu'une tête d'affiche manque à l'appel au dernier moment mais ça a quand même été le ponpon. Je suppose que si elle n'a pas dansé c'est qu'elle avait ses raisons. Pas de problème, je comprends. Ce que je comprends moins c'est que personne ne nous ai annoncé qui allait la remplacer et quelles seraient les modifications apportées au programme car modifications il y eut. Au prix des places et au vu du lieu je considère qu'il s'agit d'un manque de respect flagrant envers le public. Est-ce si difficile d'insérer un polycopié dans le programme? Ou à défaut de faire une annonce par micro un peu plus explicative en donnant le nom des oeuvres et les changements? Par ailleurs, pour une soirée comme celle-ci, je pense qu'une annonce supplémentaire en anglais n'aurait pas été superflue. En effet je doute fort que toute la salle ce soir-là comprenait le catalan. je suis prête à parier que certains et certaines n'ont pas compris que Zakharova ne danserai pas.
Même l'Opéra de Paris fait des annonces en anglais, c'est dire!

La soirée s'ouvre sur Anastasia Stashkevich et Viacheslav Lopatin, les soliste et 1er soliste du Bolshoï, dans le pas de deux du Corsaire. La danse d'Anastasia et très propre, très jolie mais m'a semblée un peu trop sage, un peu trop "scolaire". Cela s'arrange heureusement lors de sa variation. Mais alors par pitié! Les lacets de chaussons!!!!!
Viacheslav Lopatin est indéniablement un beau danseur mais sa danse manquait un peu de précision.

Roméo & Juliette version Grigorovitch prévu en 2eme partie de programme et déplacé en 1ere. Ce sont Nina Kaptsova et Michael Lobukhin qui se collent à la tâche. Et qui réussissent. Je commence a rentrer dans la soirée. Ca manquait peut-être un poil d'émotion dans la scène finale mais sinon c'était plaisant.

Suivait Les Bourgeois, interprété par Denis Untila. Je ne supporte pas la voix de Brel et je pense que si on ne comprends pas les paroles on perd beaucoup de la chorégraphie. Disons que ce n'est pas une pièce que j'affectionne beaucoup mais au-delà de mes goôuts personnels c'est un style de pièce qui passe bien dans les galas et je dois avouer que Denis tire fort bien son épingle de ce jeu difficile.

Diffusé en direct du Bolshoï dans les salles obscures le 9 octobre dernier, le ballet Esméralda devient à la mode dans la version telle qu'elle est présentée au Bolshoï. Exit le pas de deux connu de tout le monde et qui figure presque touours à l'affiche. Nous a été dansé ici le pas deux d'Esméralda et Grégoire lors des fiançailles de Phoebus et Fleur de Lys. Esmeralda est alors effondrée de découvrir que Phoebus est déjà fiancé.
Olga Kif'Yak, du Ballet national d'Ukraine est une Esmeralda mélancolique et triste à souhait. J'aimerais beaucoup la voir dans le ballet complet.
Jan Vána est pas mal du tout en Gringoire.
Le seul hic c'est que ce pas de deux ne me paraît pas très bien adapté pour un gala. Sans le contexte, sans l'histoire c'est lourd.

Nous avons ensuite eu droit à un solo sur une chanson russe et dans lequel j'ai reconnu Lobukhin. C'est tout ce que je peux dire, la pièce n'ayant pas été présentée et m'étant totalement inconnue. Si quelqu'un ou quelqu'une sait de quoi il s'agissait je lui serait reconnaissante de se manifester.

Pour finir cette 1ere partie, le pas de deux final des Flammes de Paris de Vainonen. Non prévu au programme. J'ai reconnu Nina Kaptsova et Ivan Vasiliev. Nina est ravissante et éblouissante dans ce pas de deux. Sa variation est sublime avec un jeu de pointes époustouflant.
Ivan est spectaculaire. Peut-être trop.
Quoi qu'il en soit voilà de quoi finir cette partie en beauté.

La 2nde partie s'ouvre sur une chorégraphie de P. Ostroverkh, Tango, dansé ar Olga Kif'Yak. Enfin je suppose que c'est ça car je ne connaissais pas cette pièce avant et elle était prévue en 4eme position de cette 2nde partie, pas en 1ere position.
Suposons donc que c'est bien ça. La musique de Galyano est plaisante, la chorégrphie, dans un style contemporain, n'est pas spécialement originale, ça fait un peu râbachée mais ça se laisse regarder. Olga est vraiment dedans, elle défend bien la pièce. Le tout est agréable.

Retour au pur classique avec le pas de deux de La Sylphide dans la version de Bournonville. On retrouve Anastasia Stashkevich et Viacheslav Lopatin. Ma référence absolue concernant la Sylphide de Bournonville est Gudrun Bojesen. Elle est divine de grâce, de légèreté, de technique au service de ce style si particulier.
Anastasia n'a pas démérité. Je l'ai trouvée bien meilleure que dans le Corsaire. Elle manque parfois d'un peu de ballon, c'est dommage mais elle a le style, la grâce et un très joli travail de pointes.
Viacheslav a une très bonne et très belle petite batterie. Cerise sur le gâteau: il porte très bien le kilt! Et oui, j'ai beau adorer La Sylphide, je n'en trouve pas moins le kilt un peu too much et surtout pas toujours flatteur. Voire pas souvent flatteur pour celui qui le porte.
C'était l'un des meilleurs moments de la soirée.

Crazy de Bodur sur une musique de Piazzola permet à Ivan Vasiliev de nous déployer l'étendue de ses capacités et de son talent. Il y dégage un peu plus d'émotions que dans le pas de Flammes de Paris. Il faut dire qussi que la pièce s'y prête mieux. Le résultat est spectaculaire et touchant. Très beau.

Le Voci Di Due Mandolini de Tenal Zace sur une musique de Vivaldi était dansé par Julia Tsoi et Denis Untila du Aalto Essen Theater. De facture contemporaine, la chorégraphie entraine les interprètes en glissant sur la musique.

Le pas de deux de Spartacus, prévu en 1ere partie de programme fait son apparition ici. Nina Kaptsova et Michael Lobukhin en sont les excellents interprètes. Ils nous ont offert une prestation de toute beauté, riche en émotions. La maîtrise est parfaite, les portés sont la perfection incarnée. Superbe!

Petite devinette: avec quel pas de deux terminer une soirée de gala quand on a déjà dansé les Flammes, le Corsaire et Esméralda (même dans une autre version)?
Don Quichotte!
Ca tombe bien, j'adore ce pas de deux! Et danser par Ekatarina Krysanova et Ivan Vasiliev, cela ne peut être qu'inoubliable. Magnifique de bout en bout!
Ekatarina est une Kitri qui ne manque pas de piquant. Ni de charme! Elle maîtrise tout. Ivan est un Basile très en forme capable de séduire autant sa Kitri que son public. Du grand art!

La soirée se termine par un final sur un thème espagnol réunisant tous les protaganistes de la soirée.

Une soirée un peu mitigée notamment à cause des imprévus de la programmation mais avec de très très beaux moments. Et s'il manquait Zakharova nous avons quand même eu Vasiliev, Kaptsova, Lobukhin, Krysanova et les autres qui ne déméritent pas.

Une fois de plus, un mot sur les spectateurs. Je ne comprends pas et ne veux pas comprendre comment on peut laisser son téléphone allumé, qui plus est avec la sonnerie et qui plus est comment peut-on répondre et bien sûr crier un peu parce que la musique sur scène empêche d'entendre. Comment peut-on se permettre le moindre commentaire à voix haute pendant la performance? Je me fiche de vos Ostia, joder et autres noms d'oiseaux. Je me fiche de vos commentaires et de savoir si vous aimez ou pas. Pas là, pas maintenant. Vous aurez tout le loisir de vous exprimer à l'entracte ou après le spectacle. Pour le momment le seul mot que je peux entendre c'est Bravo. Rien d'autre.
Comment pouvez-vous afficher aussi ouvertement un tel mépris, un tel irrespect vis à vis du reste du public et des artistes sur scène?
Vous n'avez rien à faire dans une salle de spectacle!  Contentez-vous de la kermesse paroissiale et encore, j'ai bien peur qu'on vous y remette à votre place.
A noter aussi 4 dames dans la loge jouxtant la mienne et qui n'ont pas applaudi de la soirée. Qu'on n'aime pas un passage, ok mais toute la soirée? Ni Vasiliev, ni Kaptsova ni aucun aucune autre n'a mérité ne serait-ce qu'un seul applaudissement?
Pour conclure du très beau monde sur scène. Pas pareil dans la salle :-(

miércoles, 26 de octubre de 2011

Studio danse 6

Connaissez-vous les albums BD Studio danse de Crip et Beka aux Editions Bamboo? Le 6eme tome est sortie le mois dernier. Le 6eme tome déjà! Et j'ai adoré les 5 premiers. J'avais d'ailleurs annoncé la sortie du tome 5.
J'ai donc profité de ma petite escapade à Paris pour ramener le dernier tome.

Studio Danse T06

Studio danse raconte les aventures d'Alia, Julie et Luce, élèves de l'école Studio Danse et qui rêvent de devenir...danseuses évidemment!

J'aime cette BD pour plusieurs raisons.
Déjà, les auteurs semblent bien connaître la danse. Il n'y a pas d'erreur dans les noms des pas de danse, plusieurs allusions sont faites aux grandes danseuses Etoiles et les petites anecdotes qui donnent sa saveur à chaque tome sonnent vrai! Qui n'a jamais fait de demi-pointe en cours de maths pour écrire plus haut au tableau? Qui ne s'est jamais servi des barres dans les autobus lors d'un trajet un peu long? Qui n'a jamais dormi avec ses pointes aux pieds?
Les personnages aussi sont plus vrai que nature: les passionnées comme Alia, Julie et Luce, la peste-chipie Carla, la prof de classique un peu guindée mais qui adore jouer du djembé, les pas de deux avec 1 garçon pour 10 filles, etc.
Et puis, avec humour et bonne humeur, la BD montre du doigt certains thèmes très actuels dans le monde de la danse et le monde tout court.
Ainsi, Alia, l'une des meilleures élèves de l'école, est noire. Combien y a-t-il de danseurs, de danseuses de couleur dans les grandes compagnies? Et pourquoi?
Ca fait du bien de voir une héroïne noire qui se dédie à la danse classique.
Il y a Luce avec ses problèmes de poids, toujours abordés intelligement et en dédramatisant le sujet. Il y a Bruno, le seul garçon de l'école et dont le père a réussi à moucher ses collègues de boulot pour qui danse=activité exclusivement féminine. Et il y a aussi l'idée de LA Danse, non figée, non cloisonnée. Les élèves font du classique mais aussi du moderne, du hip hop, de la danse africaine. Toutes ces danses, loin de se concurrencer, se complètent sans hierarchie.
Ajouter à cela qu'on rit à chaque page! Moi qui ne suis pourtant pas très BD à la base, je suis conquise!

domingo, 23 de octubre de 2011

La Source

Cela faisait un bon moment que je souhaitais voir ce ballet. Depuis que j'ai visionné Soir de Fête avec la merveilleuse Karin Averty et l'excellent José Martinez. Tout m'a plu tout de suite dans ce ballet. La musique, la chorégraphie et j'ai voulu en savoir plus sur cette Source, crée à l'Opéra en 1866 et disparue mais dont une partie de la partition avait inspiré ce petit chef d'oeuvre.
Jean-Guillaume Bart a réalisé mon souhait en beauté!
C'est en 1997 qu'il commence à parler de ce projet avec la direction de l'Opéra de Paris. Projet qui sera mûri et réfléchi tout au long de ces années. A l'aide de la partition "à quatre mains" de Delibes et Minkus et de l'argument de Nuitter il va recréer ce ballet oublié entouré de Clément Hervieu Leger pour la réecriture du livret. Ainsi, certaines scènes et certains personnages vont disparaître de cette nouvelle production afin d'en alléger l'histoire.
Bon, il faut bien le dire, l'argument est mince. Voire maigre.
Nourreda, accompagnée de son frère et de caucasien-ne s s'en va vers le Palais du Khan auquel elle vient d'être fiancée. En chemin, le cortège s'arrête près d'une source. Nourreda voit une fleur sur un précipice et souhaite la posséder mais aucun des hommes du cortège ne veut y aller: c'est trop dangereux (bien sûr, elle ne peut pas aller se cueillir sa fleur toute seule. A quoi serviraient les hommes sinon? ) Ironie mise à part, arrive Djemil qui cueille la fleur et tombe amoureux de Nourreda (en moins de 30 secondes). Quel sacrilège! Il est roué de coups par le frère de Nourreda et les caucasiens et abandonné près de la source.
C'est alors que surgit Naïla, l'esprit de la source. Elle tombe amoureuse de Djémil et lui remet la fleur que souhaitait Nourreda. Il s'agit d'un talisman qui exaucera ses voeux. Le voeu de Djemil est de revoir Nourreda et d'être vengé des coups qu'il a reçu. Escorté par Zaël, l'elfe de Naïla, il part en dircetion du Palais du Khan.
Chez le Khan, rien ne se passe comme prévu pour Nourreda. La favorite du Khan ne peut pas la voir en peinture et lui chipe même la fleur que les elfes de la source ont fait réaparaître. Imaginez qu'on vous fasse pareil, qu'on vous chipe une fleur et que la voleuse parade en faisant des "nananère j'ai ta fleur!" devant tout le monde! sans compter l'apparition quasi magique de Naïla dans le Palais. Sa beauté ébloui le Khan qui ne voit plus qu'elle. Nourreda peut aller se rhabiller. Littéralement. Dépitée, humiliée, Nourreda commence à comprendre qu'elle n'est qu'une transaction conclue entre son frère et le Khan tandis que Djemil, lui, est peut-être vraiment amoureux d'elle. Ils seront réunis mais leur union aura un prix: la vie de Naïla. Celle-ci se sacrifie comprenant que Djemil restera fidèle à Nourreda.

Le livret d'origine de 1866 était bien plus tarabiscoté. Pour celles et ceux qui seraient intéressé-e-s c'est sur Dansomanie.

 L'histoire qui nous ai contée aujourd'hui est donc simplifiée. Et si la trame originelle est préservée, elle n'en est pas moins contemporaine de l'aveu même du chorégraphe. Au-delà de la féerie de la chorégraphie et des costumes, cette Source se veut aussi porteuse d'un message.
"Hier déjà, et aujourd`hui plus que jamais, on massacre la nature pour des profits matériels, sans égards pour elle. De même restent actuels ces rapports de domination des hommes sur les femmes, ainsi que la question de la liberté étroite de l'individu au sein du groupe. Je voulais reprendre ces thèmes en les situant dans une histoire qui résonne dans le monde contemporain."

Que nous réserve donc cette nouvelle production? Et bien déjà une très belle chorégraphie ce qui, pour un ballet, est somme toute primordial. Je m'attendais de toute façon à une chorégraphie réussie. Jean-Guillaume Bart n'en ai pas à son coup d'essai en tant que chorégraphe. Il a déjà fait ses preuves et le merveilleux danseur qu'il a été sur scène ne pouvait que signer une nouvelle réussite. Et c'est un régal du début à la fin. Jean-Guillaume Bart a concocté variations, pas de deux, danses de groupe, pas de quatre, etc. dans le plus pur style de l'Ecole française, perpétuant ainsi ce style si typique. 
Pour Naïla et les nymphes, il a imaginé une danse fluide, légère avec des mouvements de bras ondoyants. Pour les elfes, dont Zaël qui revêt des allures de Puck du Songe d'une Nuit d'Eté, la chorégraphie est plus bondissante, dynamique.
Les danses des caucasiens sont très réussies. Danses quasi guerrières pour les hommes et danses douces pour les femmes. On sent l'influence des folklores russes et caucasiens.
J'ai noté quelques clins d'oeil à la chorégraphie de Léo Staats de Soir de Fête et quelques allusions, me semble-t-il à Gisèle, notamment l'entrée des nymphes où ces dernières arrêtent Djemil comme les wilis arrêtent Hilarion. La différence c'est qu'ici ces êtres surnaturels ne sont pas une menace, au contraire. La preuve ultime est le sacrifice final de Naïla pour le bonheur des humains Nourreda et Djemil.

Les costumes sont dignes d'un conte de fée. Les robes des nymphes, les costumes des odalisques, des caucasiens, des elfes sont sublimes et brillent de mille feux. Ils sont signés Christian Lacroix, ceci expliquant sans doute cela.

Je n'ai en revanche pas du tout aimé les décors. Des cordes, des cordes et encore des...cordes avec en plus des morceaux de tissus en velours rouge rappelant un ridau de théâtre pour le 1er acte. La scène finale est carrément sans décor. Tout est noir. J'ai fini par trouver ça glauque.
Je conçois et comprends la volonté de créer une ambiance feutrée, en semi obscurité, c'est un style qui se défend mais de mon point de vue cela aurait pu être fait de manière moins déprimante. Je n'ai pas réussi à m'y faire. Dommage.

Et comme un ballet n'est rien sans ses interprètes, venons-en aux protagonistes de cette Première.

La star incontestée fût Mathias Heymann alias Zaël. Il est tout simplement époustouflant. Impossible de détacher ses yeux de lui. Il a d'ailleurs été chaleureusement applaudi.
Isabelle Ciaravola est convaincante dans le rôle de Nourreda. On voit vraiment l'évolution du personnage qui de passive et résignée à son destin va prendre sur elle de choisir d'aimer qui elle veut, quitte à rompre avec les traditions de son "clan".
Naïla ce soir était Ludmila Pagliero. Elle est très bien, je ne peux pas dire le contraire mais il me semble qu'il lui manque un peu de piquant et de légèreté pour le rôle. Naïla est une nymphe légère et un peu enfantine. Il manquait clairement quelque chose.
Djemil, Karl Paquette, n'a pas démérité mais ne m'a pas paru être dans sa meilleure forme.
Vincent Chaillet campe un Mozdock, frère de Nourreda, possessif et jaloux à souhait.

Le corps de ballet nous a montré un beau travail. Les ensembles des filles sont un peu meilleurs que ceux des garçons, plus peaufinés. La danse des odalisques notamment était très bien réglée. Toutes seraient à citer.

J'adorerais voir une autre distribution pour me rendre compte des différentes interprétation. En attendant, la Source est un très beau ballet que j'irai revoir avec grand plaisir.
La preuve est faite que le classique est et sera  toujours vivant. Merci à Jean-Guillaume Bart et ses collaborateurs de faire revivre ce Répertoire oublié.

La Source sera diffusée en direct du palais Garnier à Paris au cines Girona de Barcelone le vendredi 4 novembre.
Elle est à l'affiche de l'Opéra de Paris jusqu'au 12 novembre. Si vous avez le courage d'affronter le système de réservation des places de l'ODP..

Rencontre avec Alicia Alonso

Alicia Alonso, Anette Delgado, Dani Hernandez ont répondu pendant 45 minutes au question du public après une prestation du lac particulièrement réussie au Théàtre Tivoli de Barcelone.J'ai été très étonnée et déçue de voir que la plupart des spectateurs et spectatrices avaient quitté la salle à la fin du spectacle. Ce n'est quand même pas tous les jours que nous avons l'occasion de voir une telle légende de la Danse.
Qu'à cela ne tienne, pour ma part j'ai bu ses paroles.

Premières questions de la présentatrice puis le public a pris le relai. Parmi les intervenants, beaucoup n'ont pas posé de question mais on remercié Alicia Alonso pour sa carrière, pour ce qu'elle a fait pour le ballet et la culture cubaine. Il y avait de nombreux cubain-e-s dans la salle. Beaucoup d'émotion car on sentait bien que ces remerciements n'étaient pas feints mais reflétaient un respect véritable envers cette très grande Dame de la Danse. Comme cette intervenante qui se remémorait Alicia lors de sa tournée au Liceu et qui est aujourd'hui professeure de danse et essaie de transmettre à ses élèves l'Amour de la danse en suivant l'exemple d'Alicia Alonso. Comme cette jeune cubaine qui nous disait son émotion de voir danser la compagnie mais aussi d'avoir eu le privilège d'être assise à coté d'Alicia Alonso et d'avoir la sensation de vivre un moment exceptionnel.

Alicia Alonso s'est prêtée à l'exercice des questions-réponses et témoignages de bon coeur, remerciant à son tour celles et ceux qui la remerciaient et développant ses réponses, remémorant son parcours.

Je vais tâcher de traduire les dialogues dans la salle ce soir là mais honnêtement, j'étais tellement subjuguée et émue que j'en étais toute retournée.
Je ne suis pas star-system. Si je suis fan, si j'aime un ou une artiste je ne suis pas adulatrice mais avec Alicia Alonso c'est différent. Je l'ai toujours considérée comme une Légende vivante et rien que de la voir m'a donné la chair de poule et j'étais émerveillée comme une petite fille.

La 1ere question est posée:

Q: Pourquoi le classique? Pourquoi faire revivre  le Repertoire?

Alicia Alonso: (la question semble ne pas avoir lieu d'être tant la réponse fuse avec évidence) parce que le classique c'est l'Histoire. C'est la base.

Q: Vous avez été la 1re danseuse dansant dans une compagnie américaine à être invitée à danser au Bolchoï. Qu'en retenez-vous?

Alicia Alonso: C'est vrai. le Bolchoï avait décidé d'inviter une danseuse fraçaise, une danseuse britannique et une danseuse américaine. La danseuse américaine, c'est moi qu'ils ont invité. C'était tellement bien.

Q: Combien d'élèves sont passés par l'Ecole du ballet de Cuba?

Alicia Alonso: (rires) Il y en a tellement! (ndl: c'est clair que s'il faut faire le compte, on n'est pas couché!)


Q: ma fille de 6 ans fait de la danse et elle aimerait que vous lui enseigniez la danse. Je sais que ce n'est pas possible alors quel conseil pouvez-vous lui donner?

Alicia Alonso: Si un enfant veux danser, si ça lui plaît, qu'il le fasse.
On sent tout l'Amour avec un grand A qu'Alicia Alonso a pour la Danse dans ses réponses et tout particulièrement celle-ci. C'est palpable et c'est impressionnant.
La voir ainsi évoquer son parcours, raconter la Danse avec autant de passion et de dévouement m'a profondémment touchée.

Et puis une question pour la nouvelle génération dont la réponse est une bouffée d'oxygène: Par ces temps de crise, comment voyez-vous l'avenir de la danse à Cuba?


Anette Delgado nous annonce que le ballet sera toujours vivant à Cuba. Quoi qu'il arrive, les cubains sortent, vont au spectacle et cela ne cessera jamais.

La joie de danser de ces danseurs et danseuses est incroyables, unique et surtout palpable. Je crois que leur motivation et leur envie de partager leur Art avec le public pourrait me rendre sympathique la chorégraphie la plus banale et sans intérêt.

lunes, 3 de octubre de 2011

Le Lac du Ballet de Cuba bis

Lors de mon 2eme Lac par le ballet de Cuba au Teatro Tivoli de Barcelone Odette/Odile était Anette Delgado et Sigfried était Dani Hernandez.
Anette a définitivement le ligne du cygne. Elle est magnifique en Odette, lyrique à souhait avec de très beaux bras et son Odile est parfaite, maléfique juste ce qu'il faut.
Dani Hernandez est un très beau Prince à la technique excellente et au jeu non moins excellent.
Les 2 pas de deux sont divins.Le Cygne Noir a, comme à l'accoutumée, remporté tout les suffrages du public. Il faut dire tout y est. La fougue "à la cubaine", le jeu tout en subtilité et maléfice d'Anette, l'ardeur du Prince qui ne sait pas encore ce qui l'attend. Du grand spectacle!

Le pas de trois du 1er acte est toujours aussi beau. José Losada confirme le coup de coeur que j'ai eu pour lui lors de la Première. J'aurai adoré le voir en Prince.

Le bouffon, Osiel Gounod est excellent.


Toute la compagnie fait plaisir à voir tant elle se donne à fond. Il y a une énergie unique qui se dégage chez ces danseurs et danseuses, une énergie propre à cette compagnie. Ce n'est pas que d'autres compagnies ne soient pas excellentes avec des membres investis et communicatifs mais c'est que cette énergie, cette "vie" sur scène est différente chez la compagnie cubaine.


Un mot sur les spectateurs tout de même et en l'occurrenc ici des spectatrices:
Je "salue " la jeune fille qui n'a pas arrêté de taper le rythme sur l'accoudoir du fauteuil et qui chantait (mal) sur la bande son :-(
Je "salue" également ma voisine dont le PORTABLE A SONNE  2 FOIS et ça n'a pas eu l'air de la contrarier outre mesure. Merci, vraiment,Madame  pour votre respect envers les spectateurs/spectatrices et surtout envers les artistes sur scène :-(
Et puis il faudrait interdire les éventails en bois. Il fait chaud ok. La clim n'est pas à la hauteur, d'accord. Mais il y a moyen de s'éventer sans jouer des castagnettes .-( les éventails en tissu ça existe et c'est SILENCIEUX!

Après la représentation, Alicia Alonso accompagnée d'Anette Delgado et de Dani Hernandez ont répondu aux questions et aux hommages du public.
Je voulais en faire un compte-rendu sur ce billet mais je me rends compte que j'étais tellement subjuguée par Alicia Alonso, qui est pour moi LA légende vivante de la Danse, que je ne sais pas par quel bout commencer ni comment retranscrire cet échange.
Je me replonge donc dans les souvenirs de cette soirée exceptionnelle et je reviens.

lunes, 26 de septiembre de 2011

Souvenirs du Lac de la Mercè

Les fêtes de la Mercè sont finies. En 4 jours, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont massées au parc pour voir ce Lac. Difficile de faire se une place dans la foule. De quoi clouer le bec à celles et ceux qui crient haut et fort que la danse classique n'attire personne.

Quelques petites vidéos souvenirs erso et piochées ça et là sur Youtube.

Pour commencer la soirée, Handmade, compagnie St petersbourgeoise (Barcelone fête son jumelage avec St Petersbourg):



Le Lac:



sábado, 24 de septiembre de 2011

Magique

MA_GI_QUE!!
C'est le mot qui défini le mieux cette version du Lac des Cygnes à voir et à revoir ce week end à l'occasion de la Mercé.

Ce n'est pas vraiment un Lac comme les autres. C'est un spectacle à suivre au sens propre du terme.
Après un 1er tableau sur les marches de la fontaine et sur une scène sur le coté, proche du kiosque, le spectacle se déplace sur le lac du parc où des scènes flottantes ont été installées.
L'histoire n'est pas que dansée, elle est aussi contée, jouée et mise en lumière. Les effets spéciaux et vidéos de Franc Aleu sont bluffants. Hallucinants mêmes!La mise en scène du palais du Prince est féerique,sa destruction est spectaculaire.
A citer également les superbes costumes crées par Maria Araujo.

Les protagonistes en sont les solistes du Mariinski Tatiana Tkachenko et Dimitri Rudachenko. Ils nous ont offerts 2 très beaux pas de deux. Comme toujours, le clou du spetacle fût le pas de deux du Cygne Noir et les fameux fouettés.
Pour cette version un peu courte (1h) les 2 pas de deux ont été gardés mais pas les variations du Cygne Noir. C'est un peu dommage mais les passages les plus importants ont tout de même été intégrés.
Les solistes et le corps de ballet sont les élèves en formation du Centre de Dansa de Catalunya dirigé par Roser Muñoz et Joan Boix  et de la La Companyia Juvenil de Ballet Clàssic de Catalunya dirigée par Elise Lummis.Certaines chorégraphies sont signées Lourdes Rojas, professeure dans cette école.
Sont présents aussi sur scène quelques danseurs de la compagnie David Campos.
Le tout sous la coordination artistique d'Anna Planas.

Belle performance pour ces jeunes en formation! Danser le Lac en compagnie de danseurs professionnels et de solistes d'une compagnie telle que le Mariisnki ne peut être que bénéfique et formateur. Et si le ballet ne dure "que" 1heure, ils et elles assurent 2 représentations par soir soit 8 représentations au total. De quoi se "rôder" à la scène et au public. Public pas forcément connaisseur d'ailleurs. Nous ne sommes pas dans un théâtre mais dans un des plus beaux parc de la ville, en plein air et par conséquent en entrée libre à tous les sens du terme.
Bravo et chapeau bas à toutes et tous! Et surtout merci pour ce moment enchanteur!

Je vous l'ai dit, MA-GI-QUE!

* Ce soir et demain à 21h30 et 23h45 avec en prélude au Lac dès 21h1 et 23h30 Handmade dans un spectacle entièrement fait main à voir absolument!
http://www.bcn.es/cgi-bin/veure_ag.pl?idioma=ES&id=99400252223&v=MERCE
http://www.bcn.cat/cgi-bin/veure_ag.pl?idioma=CA&id=99400231154&v=MERCE




Mercè 2011: El llac dels cignes from Barcelona Cultura on Vimeo.

miércoles, 21 de septiembre de 2011

Un Lac pour la Mercè

La Mercè, c'est la fête de la patronne de Barcelone, la Mare de Deu de la Mercè. C'est surtout l'occasion de faire la fête un peu partout.
Le programme est riche et varié et propose, entre autre, un Lac des Cygnes en plein air avec les élèves en formation du Centre de Dansa de Catalunya et des danseurs du Mariinski.
Première représentation demain à 21h30 jusqu'à dimanche dans le Parc de la Ciutadella. Vous avez toutes les info PAR ICI et le programme de la Mercè PAR LA.

Je profite de l'occasion our vous mettre les dernières vidéos du CDC!



lunes, 12 de septiembre de 2011

Le lac des Cygnes par le Ballet de Cuba

Le Ballet Nacional de Cuba est en tournée en Espagne et les 1eres représentations de la célèbre compagnie ont lieu à Barcelone, au Teatro Tivoli avec le Lac des Cygnes en ce moment même.N'ayant jamais vu la version d'Alicia Alonso, j'étais donc très impatiente de découvrir cette chorégraphie.
Le rideau s'ouvre sur une fête du village avec des danses paysannes avant que n'entre en scène le bouffon, le Prince et la Cour.
Le bouffon, Serafín Castro, assure bien son rôle tant au niveau technique que mimique.
Les danses s'enchainent. Le corps de ballet ne démérite pas et le pas de 3 est très bien dansé par Marizé Fumero, Amaya Rodriguez et José Losada avec une mention spéciale pour ce dernier. Il est expressif, techniquement très bien avec notamment de très belles facilités dans les sauts, une batterie excellente et un beau physique de prince.
La fameuse danse des coupes est remplacée par une danse des paysans sur demi-pointes. La chorégraphie est intéressante et ne dénature pas du tout l'oeuvre.

Le Reine, Carolina Garcia, est royale à souhait, intransigeante avec son fils qui ne voit pas un mariage d'un très bon oeil jusqu'à ce qu'il rencontre Odette.
Si Viengsay Valdés est une Odile plus que parfaite, son Odette est un peu moins convaincante. Le pas de deux reste toutefois un beau moment.
Le Prince, Alejandro Virelles, a un rôle qui se cantonne assez à celui de porteur malgré quelques belles variations.
Quant au corps de ballet, il tire son épingle du jeu. Ce sont ici 12 cygnes de corps de ballet ainsi que les 4 petits cygnes et 2 grands cygnes qui entourent Odette. Les tailles sont homogènes garantissant une certaine harmonisation. Les alignements sont parfaits, les ensembles aussi.
On devine le travail en force qui a forgé les silhouettes très musclées tant chez les danseurs que chez les danseuses.

Mais ce sont le 3eme acte et le prologue qui me semblent les mieux réussis. Notamment la danse espagnole et napolitaine. Dommage que les costumes ne suivent pas toujours, cela enlève un peu à la magie du spectacle.
Le clou de la soirée, bien sûr, reste le pas de deux du Cygne Noir. Le Prince, Odile et Robarth sont seuls en scène, la Cour ayant disparu dans le décor comme pour figer le temps. Et c'est...grandiose. Viengsay Valdès est époustoufflante, commençant sa série de fouettés par une quintuple (ou sextuple?? je n'ai pas eu le temps de compter) pirouette. Et ça ne fait pas du tout cirque parce qu'elle est Odile. Ce n'est pas de la performance pure, elle tient son rôle. En effet, les pirouettes à n'en plus finir seules ne m'intéressent pas mais quand l'interprétation n'en pâtit pas, je ne suis pas contre.
Evidemment, le Prince tombe dans le piège et se retrouve face à sa bien-aimée Odette éplorée entouré de ses compagnes d'infortune.
Je n'ai pas trop compris comment Robarth mourrait mais il meurt pourtant, libérant ainsi Odette et les cygnes du sortilège. Happy end donc pour cette version mais happy end champêtre. On peut aimer. Ou pas.

Belle version en général. Et cerise sur le gâteau lors de cette Première: Alicia Alonso en personne assise presque à coté de moi.
Un billet va d'ailleurs suivre très bientôt sur la conférence qu'elle a donné avec des danseurs de la compagnie à la fin de la représentation d'hier.

En attendant vous pouvez toujours voir la compagnie au Teatro Tivoli jusqu'au 18 septembre.

jueves, 1 de septiembre de 2011

Somorrostro

Somorrostro, quartier aujourd'hui disparu de Barcelone, nous est présenté par la compagnie Transit dansa de Maria Rovira.

C'est en 1882 qu'apparaît le quartier de Somorrostro, en bord de mer, à l'emplacement actuel de la Barceloneta et de Poble Nou. Peuplé de gitans, de pêcheurs et d'immigrés fuyant la famine il a aussi vu naître la grande danseuse et chanteuse de flamenco Carmen Amaya.
Somorrostro de Maria Rovira est un hommage à ce quartier et surtout à ses habitants, à sa culture.
La pièce commence par une projection vidéo. La mer, la musique, des silhouettes de danseuses nous plongent dans l'ambiance et l'Histoire du quartier avant que n'apparraissent les danseuses et les danseurs sur scène.
En avant-scène: du sable, un bateau et des chaussures.
En fond de scène: les danseurs/danseuses-habitant-e-s du quartier assis sur des chaises, devant des grands morceaux de tissus symbolisant les habitations de fortune typiques du quartier et une ampoule nue se balançant comme poussée par le vent marin.
Les danseurs se lèvent, dansent jusqu'à l'avant scène et enfilent les chaussures, commencent à marquer des golpe accompagné-e-s par un musicien percussionniste complice.
Danses de groupe, solos, duos s'enchaînent en différentes scènes. Le style vire naturellement du contemporain au flamenco et inversément. C'est ce qui m'a vraiment plu dans ce spectacle: le mélange des styles chorégraphiques et musicaux flamenco, gitan, contemporain. Chaque style glisse vers l'autre sans heurt, sans accroc mais se nourrissant mutuellement. Les costumes variés signés Magda Rigol et les lumières de Xavi Valls contribuent à nous transorter à Somorrostro.
Tous et toutes ont une excellente technique qui leur permet de transcender tous les styles. Les passages contemporains sont remarquablement dansés et interprétés, comme ceux faisant appel à la technique flamenca. On devine aussi une solide base classique. Nous avons même eu droit à une série de fouettés et de tours à la seconde au final.
Toutes les scènes, toutes les danses seraient à citer tant elles sont porteuses d'émotions et pétries d'humanité. Je n'avais jamais entendu parler de l'existence de ce quartier avant ce spectacle et j'ai pourtant eu l'impression d'y être tout le temps. L'implication des danseuses et danseurs, du musicien est telle qu'on se sent inclu-e dans leur histoire.
Mais s'il y avait des passages à vraiment retenir je citerai un solo, très fort et physique d'une danseuse en communion avec le percussionniste, un duo aux magnifiques portés, une danse de groupe où tous et toutes dansent une rose à la main. La 1ere et la dernière scène aussi. La 2eme scène également. Pour résumer, le spectacle dure 1h15 sans entracte. Il m'a semblé durer 10 minutes à peine. Je n'ai pas vu le temps passé, transportée par la danse, la musique, les percussions comme autant de battements de coeur d'un quartier et de ses habitant-e-s sorti-e-s de l'oubli.

Somorrostro:

Chorégraphie: Maria Rovira

Danseuses et danseurs: Reinaldo Ribeiro, Maria Garriga, Daniel Rosado, Sol Vázquez, Pere Molsosa, Montaña Ciborro, Lara Miso, Jenifer Rico, Marta Serrano, Sara Garrido, Eddie Pezzopane

Direction musicale: Javier Gamazo
Au Teatre Condal jusqu'au 4 septembre (belle salle où on y voit très bien partout sans être géné-e par la personne ssise devant!)

martes, 30 de agosto de 2011

Que voir sur Barcelone et alentours ce début de saison?

Voici une liste non exhaustive des ballets et spectacles de danse à voir ou à revoir ces prochaines semaines. Ceci ne constitue qu'un échantillon et ne concerne que la danse.

Septembre:

Somorrostro de Maria Rovira au Teatre Condal jusqu'au 4 septembre

Le Ballet National de Cuba dans Le Lac des Cygnes au Teatre Tivoli du 6 au 18

Octobre:

Petrushka par la compagnie IT Dansa, chorégraphie de Catherine Allard. J'en ai déjè parlé ICI.
A voir du 22 au 29 au Teatre de Liceu

Cendrillon par le Ballet National de Cuba le 14 au Teatre Auditori de Sant Cugat
et le 15 au Centre Cultural Unnim de Terrassa

Novembre:

Gala Svetlana Zakharova au Gran Teatre de Liceu le 1er novembre

Le Corella Ballet dans des oeuvres de Petipas, Wheeldon et Pagès les 12 et 13 au Centre Cultural Unnim de Terrassa

Le Corsaire par le Ballet du Mariinski au Gran Teatre de Liceu du 21 au 27

La Sylphide de Bournonville par le Ballet de Bielorussie le 27 au Centre Cultural Unnim de Terrassa

Voilà donc ce que je compte aller voir en priorité en ce début de saison et je commence demain avec Somorrostro.

miércoles, 24 de agosto de 2011

Nuit de Ballet Tamara Rojo au Festival des Jardins de Cap Roig

 Les 18 et 19 août derniers, le Festival des Jardins de Cap Roig nous a présenté une soirée de ballet en compagnie de Tamara Rojo et d'Etoiles invitées des plus grandes compagnies actuelles.
Le cadre est magnifique. La scène se dresse dans les jardins botaniques, à coté du château de Cap Roig avec une superbe vue sur la mer. C'est très beau et agréable. De ce coté, rien à redire. Par contre, concernant la scène et surtout les sièges spectateurs, il serait peut-être préférable de signaler sur le site web les places avec une mauvaise visibilité. En effet, de nombreuses places se trouvent complètement de coté avec vue sur... le mur. La longueur totale des sièges dépasse celle de la scène. Pour ma part j'y voyais plutôt bien mais j'ai vite constaté que je faisais partie des chanceuses.

Je m'aprête à tourner un peu la tête, histoire de voir ce qu'il se passe sur scène et le rideau s'ouvre sur le pas de deux du dernier acte de La Belle avec Tamara Rojo (Royal Ballet London) et Ian Mackay (Birmingham Royal Ballet).
Tamara est égale à elle-même c'est à dire très bien. Elle est une "Belle" Aurore, princière juste ce qu'il faut. Iain Mackay a le physique du Prince. La technique aussi.
Et le public me paraît bien froid. Je m'attendais à plus d'enthousiasme.

Suivait ensuite le pas de deux du Balcon de Roméo et Juliette dans la version de Lavrosky avec Evgenia Obratzova (Mariinsky) et Mikhail Lobukhin (Bolshoï).
J'ai découvert Evgenia Obratzova grâce au documentaire Ballerina et elle m'avait beaucoup impressionnée.
Sa Juliette ce soir m'a donné des frissons. Elle irradie de façon toute naturelle sur scène. Roméo n'était pas en reste non plus. J'ai cru à leur histoire, c'était vraiment fort. LE meilleur moment de la soirée, sans aucun doute possible. C'était magique, un pur moment de grâce.
Et là vraiment je suis déçue par le public. Très très froid. Mais qu'est-ce qu'il leur faut donc?

Nous avons ensuite assisté à une Première: une nouvelle version de la variation du meunier du Tricorne.
La chorégraphie, superbement interprétée par Sergio Bernal, est signée Antonio et  réglée par Carlos Vilán.
Sergio est époustouflant! C'est un excellent danseur flamenco et il a une base classique solide. Ses doubles tours en l'air frisent la perfection.
C'était dur de passer après Evgenia! Et pourtant il m'a presque autant fait frissonner. C'était vraiment sublime et prenant. Un danseur à suivre de près pour ma part.
Miracle! Le public commence à applaudir avec un peu de chaleur. Ouf!

Retour au classique des classiques avec le pas de deux du 2eme acte de Giselle avec Natalia Kremen (English National Ballet) et David Mikhateli (ROH).
Dur de donner le ton "à froid". Les interprètes ne déméritent pa, loin de là, mais je n'ai pas eu de battements de coeur comme j'en aurais sans doute eu s'ils avaient dansé tout le ballet.

Et pour finir la 1ere partie, Tchaikovsky pas de deux dansé par Dorothée Gilbert et Alessio Carbone de l'Opéra de Paris.
J'adore ce pas de deux et j'adore Alessio Carbone. Il est beau (d'accord, ce n'est pas le plus important mais avouez que ça ne gàche rien), talentueux, généreux sur scène et je trouve qu'il n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur.
C'était donc réussi ce soir mais il m'a semblé qu'Alessio n'était pas à fond de ses capacités. C'était moins brillant que d'habitude. Je suis difficile et exigente, je sais.

Après un court entracte nous reprenons avec Tamara Rojo et Rupert Pennefather (ROB) dans Rêves d'hiver chorégraphie de Kenneth MacMillan.
C'est encore plus difficile de passer à froid avec ce style de ballet qu'avec les classiques du Répertoire. Sans compter que, si j'aime bien Rêves d'Hiver, ce n'est pas non plus mon ballet préféré. Mais voir évoluer Tamara et Rupert est toujours un plaisir, ce sont de vrais acteurs sur scène donc au final j'ai plus aimé que ce que je croyais au début.

Retour d'Alessio Carbone dans la variation d'Arepo de Maurice Béjart. Très belle variation entrainante, rythmée, prenante et ça va bien à Alessio qui fait fureur.

Natalia Kremen et David Makhateli ont ensuite dansé le pas de deux du 1er acte de Raymonda.
J'attendais le pas de deux final et la variation de la claque que j'adore. Tant pis.
Natalia et David nous ont offert une très belle prestation. Dommage que dans ce pas, le danseur soit cantonné à un rôle de porteur.

Venait ensuite Dorothée Gilbert avec Alles Walzer de Renato Zanella.
A danser, ce doit être particulièrement agréable. A regarder...Disons que si pour faire original il faut faire croire à une fausse panne technique et à une trentaine de fausse fins, je préfère rester dans du non original.
Bon, ok, il n'y a pas 30 fausses fins je vous l'accorde (je suis juste un peu marseillaise). Bref, je suis sans doute mauvais public mais ces petits effets n'en ont pas sur moi.
Par contre les fouettés de Dorothée sont magistraux. Les vrais fouettés "Opéra de Paris". Et puis on voit que Dorothée est à son aise dans cette variation qui lui va comme un gant. Ca sauve l'affaire.
(j'ai déjà dit que j'étais difficile et exigente, vous étiez prévenu-e-s).

Cendrillon par Evgenia Obratzova et Mikhail Lobukhin dans la version de Ratmansky. Ce n'est pas la meilleure chorégraphie que j'ai vue mais Evgenia!!!!! Toujours aussi divine. On comprend ce que sublimer la technique veut dire. Et Mikhail Lobukhin se montre un excellent partenaire.

Sergio y Lola, chorégraphie  de Ricardo Cue avec Lola Greco et Sergio Bernal explore la rencontre entre la fougue de la jeunesse (lui) et la maturité (elle)." Dans les yeux de la jeunesse, la flamme. dans ceux de la maturité, la lumière."
La musique merveilleuse de Joaquin Rodrigo porte les danseurs dans ce pas de deux très expressif. Toutefois, si j'ai été fascinée par leur jeu, je suis restée un peu en-dehors de leur histoire.

Pour terminer la soirée en beauté et en pirouettes: le pas de deux de la Esmeralda de Loipa Araujo avec Tamara Rojo et Iain Mackay.
Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est brillant! Tamara et Iain confirment, au cas où on aurait encore un doute, que les difficultés techniques ne leur font pas peur. Au contraire, ils s'en amusent! Et la coda se termine par une salve d'applaudissement de la part du public (enfin!) qui a l'air de s'être réchauffé depuis le début du spectacle.

Tous et toutes reviennent sur scène saluer et tous et toutes reçoivent enfin les applaudissements qu'ils et elles méritent.
Dommage qu'une partie du public soit partie à peine la dernière note de musique d'Esméralda terminée. Les saluts font pourtant, de mon point de vue, partie du spectacle.

Belle soirée donc malgré un changement de programme par rapport à ce qui avait été annoncé.

A l'année prochaine? On l'espère de tout coeur (et même avant!).

Erratum: ce n'est pas Rupert qui a dansé avec Tamara mais Nehemiah Kish. Remplacement de dernière minute. 
Le pire c'est que j'avais relu mon texte et je ne me suis même pas rendu compte que j'avais bêtement copié le programme. Qui veut organiser une pétition pour m'offrir des vacances?

Edit: pour le plaisir:




Tamara Rojo dans la variation de La Esmeralda: