jueves, 12 de julio de 2012

"Odisea" d'Itaka

Itaka, ou Ithaque en français, n'est pas seulement une île grecque où regna Ulysse. A Barcelone, c'est une école de danse dirigée par Neus Expósito (lauréate de nombreux concours de danse et ex danseuse du Corella Ballet) qui a présenté son tout 1er spectacle en cette fin d'année scolaire: l'Odyssée. Un thème bien à propos quand on porte le nom d'Itaka.
J'y ai assisté un peu par hasard, je ne savais pas trop à quoi m'attendre et je dois dire que j'ai été très agréablement surprise.
Pas de cours de formation professionnelle, pas d'horaires aménagés: c'est une école amateur comme on les appelle. "Amateur" vient de "aimer", un "amateur", une "amatrice" est celui ou celle qui "aime". Faut-il le rappeler?
Il est en tout cas très clair que les professeurs et les élèves aiment réellement la Danse et lui font honneur.

Le déroulement du spectacle déjà est très bien fait. Le spectacle commence à l'heure et les passages des élèves s'enchaînent sans être coupés par un présentateur façon kermesse paroissiale comme on en voit encore trop souvent. En revanche, afin de nous guider à travers ce voyage et certainement aussi pour laisser quelques instants aux élèves entre les danses,une voix off bien audible nous remémore les aventures d'Ulysse. La transition entre les danses est donc bien amenée et on sent dans le choix des chorégraphies une volonté évidente de coller au plus près au thème.

Mais le but ultime d'une école de danse c'est quand même d'apprendre à danser aux élèves et surtout de leur apprendre bien. Que ce soit à visée professionnelle ou non. Ce n'est pas parce qu'on ne se destine pas à une carrière professionnelle qu'on n'a pas droit à un enseignement de qualité. Je sais d'expérience que de nombreuses écoles apprennent n'importe quoi aux élèves et leur font faire des chorégraphies beaucoup trop difficiles, aucun niveau technique ni artistique.
Pas de ça ici. Les chorégraphies sont adaptées au niveau des élèves, c'est en musique et c'est bien placé. Merci les professeur-e-s et surtout Neus Expósito pour les efforts de placement des élèves en classique! C'est primordial! Les élèves montrent un travail soigné, certaines ont de réelles disposition pour la danse et on voit qu'elles sont bien dirigées.
J'ai beaucoup apprécié le travail des toutes petites en classique, bien appliquées. Deux petites danseuses ont dansé toutes seules et franchement, chapeau.
 Toutes les classes, tous les élèves contribuent à nous faire voyager au travers de cette Odyssée.

Nous voici donc propulsés au beau milieu de la guerre de Troie avec les classes de hip hop dirigées par Ianko Stefanov. Belle énergie des élèves!
Puis nous partons au Palais d'Ithaque où Pénélope (Neus Expósito) attend, anxieuse et résignée le retour d'Ulysse. Autour d'elle, les gens du palais s'affairent, ses amies tentent de la distraire. En vain. Les scènes et les épisodes s'enchainent.
A noter la Tempête interprétée par le cours de flamenco d'Angel Espartero, Circe par le cours de jazz sur une belle chorégraphie très technique de Carla Diego ainsi que Hades et Tiresias, duo contemporain sur une chorégraphie sublime de Neus Exposito et admirablement dansée par Alicia Navas et Mireia Álvarez.
En classique, le ballet des sirènes était vraiment très beau et très bien fait malgré des costumes un peu surprenant pour des sirènes (vêtues de noir avec de grands voiles comme des ailes, j'aurai cru qu'il s'agissait d'oiseaux si je n'avais pas su qu'on était dans l'Odyssée et qu'on était arrivé à l'épisode des sirènes).
Et aussi la variation de Diane tirée du pas de deux de Diane et Actéon du ballet Esmeralda et dansée avec une belle assurance par Mireia Álvarez. Nous avons aussi eu droit à une jolie variation d'Athéna, dansée par une jeune ballerine.
Le voyage se termine par une explosion de danse par les cours hip hop avant d'assister aux retrouvailles de Pénélope et d'Ulysse, respectivement Neus Expósito et Ianko Stefanov dans un pas de deux émouvant.

Voici donc un premier spectacle réussi et qui laisse augurer le meilleur pour la suite.

martes, 10 de julio de 2012

Ballant a la sorra

Après Somorrostro, très bel hommage a ce quartier aujourd'hui disparu de Barcelone, Maria Rovira continue sa recherche sur les traces de Carmen Amaya, la grande danseuse et chanteuse de flamenco, avec Ballant a la Sorra avec sa compagnie Transit Dansa.
Carmen Amaya est née à Barcelone, dans le quartier de  Somorrostro en 1913. Elle devient rapidement une figure majeure et pionnière du flamenco, développant un style bien particulier en "masculinisant" la danse des femmes. De "passive", elle va la rendre virtuose et plus puissante.
Son talent l'amène partout dans le monde dont Hollywood mais elle revient à Barcelone. Atteinte d'une maladie rénale, elle meurt à Begur en 1963.

Tout comme pour Somorrostro, on retrouve le sable sur scène, le sable près duquel est née Carmen Amaya, Somorrostro se trouvant en bord de mer.
Cette fois-ci il se trouve en fond de scène et bordé d'une sorte d'osier.
Sur scène, près du sable, 6 musicien-ne-s et chanteurs commencent à entonner des chants flamencos.
Les danseurs et danseuses arrivent un par un vêtu d'un long manteau noir et s'emparent de la scène. Leur gestuelle est fluide, sans heurt, elle coule comme le rouli des vagues. Au milieu de la scène il y a une petite estrade qui se révèle être composée de plusieurs tabourets. Les danseurs défont l'estrade, jouent avec les tabourets pour terminer en cercle.  Très beau passage que celui-ci où les interprètes dansent sur et avec les chaises, en cercle. Pourtant entre le Parc de Preljocaj et Minus 16 de Ohad Naharin, les cercles avec des chaises ont fait des émules. Il était très facile de rentrer dans le déjà-vu et sur-vu. mais non. Maria Rovira a crée une belle danse originale et captivante. Il ne manque plus que l'image de Carmen Amaya au centre.
Carmen Amaya est représentée par une danseuse flamenca qui va nous hypnotiser tout au long du spectacle par sa force, sa fougue, sa présence et son zapateado. Sa danse est de pur style flamenco tandis que les autres danseurs ont une gestuelle contemporaine.
Elle arrive avec une robe à volants mais les volants se révèlent être un long voile dont elle va se défaire. Carmen Amaya portait des pantalons.
Autre moment mémorable: celui de la valse sur la célèbre musique de Chostakovitch. Le jeu de cape est impressionnant.
A la fin de l'oeuvre, les danseurs reforment l'estrade. Notre Carmen Amaya y exécute une danse qui ira presque jusqu'à la transe. Danse curative pour lutter contre sa maladie et contre la mort?

Ce qui est assez incroyable dans cette pièce, tout comme dans Somorrostro, c'est que le sentiment de liberté est palpable. On se sent transporté, comme happé par cette soif d'espace et de vie et c'est ça qui est formidable. On dévore le spectacle des yeux en même temps qu'on le sent et qu'on le ressent.
Ballant a la Sorra c'est l'histoire d'une vie consacrée à la danse. "Danser pour ne pas mourir et vivre pour danser" peut-on lire sur le programme pour résumer la vie de Carmen Amaya. La danse comme source de vie, comme moteur pour affronter la vie et aussi la mort. Danser pour vivre jusqu'au bout et pour vivre tout court.
En rentrant chez moi j'avais vraiment, vraiment envie de danser.

miércoles, 4 de julio de 2012

Barcelona Ballet bis

Dernière de la série de représentations du Barcelona Ballet en ce samedi 23 juin au Teatro Coliseum de Barcelone.

Paquita
Chor. J. Mazilier et M.Petipa
Musique: L. Minkus et E.Delvedez

Facing the Light (création)
Chor. Kirill Radev
Musique: A. Vivaldi, Concerto pour Violon

Suspendd in Time
Chor. Ángel Corella, Russel Ducker et Kirill Radev
Musique: Electric Light Orchestra


Suite à des changements de distribution de dernière minute, j'ai pu admirer Ana Calderon et Alejandro Vireille dans Paquita.
Je ne m'étais pas attardée sur l'histoire de Paquita dans mon précédent billet mais ce ballet mérite sans doute quelques lignes.
Paquita c'est l'histoire de ...Paquita, jeune fille noble enlevée bébé par des gitans. Elle grandit donc dans leur camp et ne sait rien de son enlèvement quand elle croise Lucien d'Hervilly, un jeune noble dont elle s'éprend. Paquita va sauver la vie de Lucien, trompé par le chef des gitans. Malheureusement, leur différence sociale les sépare mais lorsque Paquita va retrouver ses origines grâce à une histoire rocambolesque de médaillon, elle et Lucien pourront convoler en justes noces.
Ces noces, c'est le dernier acte de Paquita dont est issu le Grand Pas présenté lors de cette série de représentations.
Ana est exquise dans ce pas. Elle campe une Paquita stylée et raffinée (n'oublions pas que c'est le Grand Pas du mariage où elle a retrouvé ses origines nobles) avec un zeste de fougue et de caractère rappelant le camp où elle a été élevée. Ses fouettés sont impeccables et énergiques.
Alejandro est une Etoile en puissance. Sa variation est à couper le souffle.

Les 4 variations étaient impeccables en tous points, le corps de ballet très synchronisé et présent. On y retrouve de jeunes danseuses vues dans le corps de ballet du Lac des Cygnes comme les ravissantes Yvonne Slingerland et Gwenaëlle Poline. Quel plaisir de les revoir avec la compagnie!

Puis-je émettre un rêve? Que le Barcelona Ballet remonte l'oeuvre dans son intégralité.

Le ton est surtout le niveau est donné pour le reste de la soirée: très élevé.

Facing the Light, que j'avais beaucoup apprécié lors de la Première m'a encore séduite. Ce soir c'était Fernadó Bufalá qui interprétait le rôle principal. Il m'a semblé donner un caractère plus introverti du rôle que Dayron Vera, plus sensuel et qui assurait la Première. Les 2 interprétations sont intéressantes et riches. Un ballet à voir pour avoir son propre ressenti.

Toujours aussi entrainant et "fun", Suspended in Time termine la soirée sur une note d'allégresse générale. Véritable feu d'artifice servi par tous les danseurs et toutes les danseuses de la soirée, ce ballet réussi encore et toujours à vous donner envie de danser et à vous mettre de bonne humeur. On voudrait que ça ne s'arrête jamais.

Inutile de dire que les prochains spectacles de la compagnie sont attendus par une horde de fans de plus en plus nombreuses et on comprend pourquoi.
Le Barcelona Ballet dansera au Festival de Peralada le 18 août avec en Première en Europe le ballet Pálpito.