La balletomane que je suis reconnait humblement qu'elle ne connaissait que peu de choses sur Li Cuxin. Ce manque à ma culture balletesque est aujourd'hui comblé grâce au très beau film de Bruce Beresford d'après l'autobiographie de Li Cuxin.
Le 1er mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce film est "Beau". Beau avec un grand "B". Cela tient à la formidable histoire de Li Cuxin bien sûr, mais aussi de la façon de raconter, filmer, montrer cette histoire vraie.
Le film débute par l'arrivée de Li (magnifique Chi Cao) à l'aéroport de Houston afin de suivre le summer intensive du Houston Ballet alors dirigé par Ben Stevenson (Bruce Greenwood). Nous sommes en 1981.
Une série de flashbacks nous raconte les circonstances et le pourquoi de sa venue aux U.S.A., lui, le 6eme fils d'une famille de paysans d'un petit village de la Chine maoïste. Choisi in extremis grâce à l'intervention de son institutrice par les "recruteurs" de l'Académie de Ballet de Pékin, le petit Li va devoir quitter sa famille pour plier son corps frêle à la discipline dure et rigoureuse du Ballet (un de ses professeurs lui reproche sans cesse sa faiblesse musculaire). Aprentissage d'autant plus difficile que Li ne comprend pas pourquoi il a été choisi jusqu'à ce que le professeur Chan lui glisse une vidéo de Baryshnikov et lui transmette l'envie de danser.
Le voilà donc à Houston sur invitation de Ben Stevenson après que la compagnie texanne ait visité la Chine. Le hasard voudra que Li assure un rôle de soliste lors d'un spectacle important. C'est un succès.
Il a une relation avec une danseuse, Liz Mackey (Amanda Schull), il est libre de danser ce qu'il veut et décide de rester aux U.S.A. mais le gouvernement chinois ne l'entend pas de cette oreille.
Voilà en gros pour l'histoire mais le film ne se résume pas qu'à ça. De nombreux thèmes sont abordés tout au long du film.
Il y a la danse bien sûr. L'utilisation de celle-ci à des fins de propagande. L'histoire du professeur Chan en est un exemple. Il enseigne la danse aux jeunes recrues et leur cite Baryshnikov en exemple, il défend le Répertoire mais se heurte très rapidement aux autorités qui réclament des ballets rendant hommage à la Révolution. Cela lui coûtera sa place de prof et sa liberté durant quelques années.
Le Ballet National de Chine a d'ailleurs présenté l'un des "joyaux" de cette époque lors de sa tournée parisienne en 2009: Le détachement féminin rouge.
L'évolution de la danse aussi, sa signification selon le pays, l'école où elle est enseignée. On voit bien lors des répétitions de Ben Stevenson en Chine que les danseurs ont besoin de s'adapter au style des chorégraphies. Les danseurs chinois étant plus "atlètes" que danseurs aux yeux des américains.
Les joies et les difficultés du métier sont abordées et sonnent juste. Le plaisir de monter sur scène, la difficulté à garder sa 1ere place dans la compagnie, comme l'expérimente une des solistes de la troupe, la course aux auditions, sont montrés avec justesse, loin des stéréotypes éculés.
Le contexte historico-politique ne peut être passé sous silence. Le fossé qui sépare le Chine et les U.S.A est traité sans concession mais sans manichéisme ni sensationnalisme et ça change! Et je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'évolution de ces 2 pays. En effet, le film s'arrête en 1986. Il est passé beaucoup d'eau sous les ponts.
Changement aussi quant à la danse. La phrase de Ben Stevenson selon laquelle les chinois font atlètes, pas danseurs a longtemps raisonnée en moi qui suis la pemière à me plaindre que de plus en plus de danseurs font plus gymnates et peformers qu'artistes. Et ce thème des danseurs-performers fait effectivement de plus en plus souvent les choux gras des sites et forums de danse.
Au final, voilà un film qui ravira tout le monde, amoureux de la danse ou non car la danse n'est finalement qu'un thème parmis d'autres dans cette oeuvre extrêment riche qui touche à la sensibilité de chacun (mais pas de sensiblerie à 2 balles). Quelques larmes d'émotion brillaient dans le yeux de mes voisins, un jeune couple.
Le film a été salué par une salve d'applaudissement durant tout le générique de fin de la part du public. C'était la 1ere fois que je voyais applaudir dans une salle de cinéma pour une séance qui n'est pas une avant-première ni une première.
Le film est encore à l'affiche cette semaine à Barcelone. Quant à la France, la seule information que j'ai pu voir est: sortie prochainement. Pour ma part je vais surveiller sa sortie en DVD (apparement il est déjà sorti au Québec) pour enrichir ma vidéothèque et me procurer le livre.
No hay comentarios:
Publicar un comentario