Animation et effervescence étaient au rendez-vous en ce 12 juin devant le Teatre Coliseum de Barcelone pour la Première d'un nouveau programme du Barclona Ballet. La compagnie compte en effet pas mal de fans toujours présents pour les Première, d'autant plus que le programme était plus qu'alléchant:
Paquita,
Chor. J. Mazilier et M.Petipa
Musique: L. Minkus et E.Delvedez
Facing the Light (création)
Chor. Kirill Radev
Musique: A. Vivaldi, Concerto pour Violon
Suspendd in Time
Chor. Ángel Corella, Russel Ducker et Kirill Radev
Musique: Electric Light Orchestra
En 1ere partie, le Grand Pas de Deux de Paquita dans la version de Joseph Mazilier. L'occasion pour la compagnie de déployer l'étendu de sa technique et de briller sur scène.
Maria José Sales et Alejandro Virelles assuaraient les rôles de Paquita et de Lucien d'Hervilly pour cette soirée de Première. Pour avoir vu et apprécier plusieurs fois Maris José Sales, j'ai constaté qu'elle paraissait stressée et plus sèche, plus saccadée dans sa danse que d'habitude. C'est dommage parce qu'elle est toujours impeccable dans toutes ses apparitions. Elle a tout de même été à la hauteur du rôle même je sais qu'elle peut faire beaucoup mieux.
Alejandro Virelles est vraiment pas mal du tout en Lucien. Belle technique et une présence sur scène incroyable. On retrouve chez lui toute la fougue et la puissance "à la cubaine", le raffinement en plus. Le résultat est spectaculaire.
Cristina Casa dansait la 1ere variation. Je crois qu'à chacune de ses prestations, j'apprécie chaque fois un peu plus cette très belle danseuse. Elle était vraiment convaincante tant sur le plan technique qu'artistique.
La 2eme variation était interprétée par Leire Cabrera. Je ne connaissais pas cette version chorégraphique. C'est joli à regarder mais il n'y absolument aucune difficulté technique. Si l'artistique ne doit pas pâtir pour la technique, la Danse et qui plus est classique académique, c'est quand même une technique. Je suis donc restée sur ma faim.
Kazuko Omori assurait avec brio et panache la difficile 3eme variation avec ses diagonales de sauts et ses tours attitudes. Avec elle tout cela semble tellement facile!
Quant à la 4eme variation, c'est Ana Calderon qui s'y frotte. Pour notre plus grand plaisir. C'était selon moi la meilleure variation de la soirée. Ana est techniquement très sûre d'elle et prend visiblement plaisir à se jouer de toutes les difficultés. Son interprétation m'a beaucoup plue. C'est fougueux et stylé et chic à la fois.
Comment, au sein du corps de ballet, transmettre son interprétation tout en préservant la cohésion du groupe? Pas facile mais Paquita s'y prête sans doute plus qu'un Lac ou que les Wilis. J'ai trouvé que le corps de ballet faisait très style ABT. Les filles ont pleinement assuré. Leur technique est propre et soignée et elles arrivent à faire passer leur personnalité propre.
Le ton est donc donné: c'est du haut niveau qui démarre la soirée et j'entends bien que la suite soit de même.
La suite justement ne me disait rien ni en bien ni en mal. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendais avec la création de Kirill Radev. Je savais qu'il est un bon danseur et j'ai adoré Suspended in Time, pièce qu'il a chorégraphié avec Russel Ducker et Ángel Corella.
Pour son Facing the Light j'attendais donc de voir son propre style avec impatience mais sans à priori. Le style se veut contemporain mais fait largement appel à des bases classiques.
Le décor est simple: tout est noir, illuminé de lumière jaune, chaude. Un seul danseur (Dayron Vera) sur scène dans la lumière ou faisant face à la lumière/réalité de la vie? peu à peu, 2 danseurs (Francisco Estevez et Ion Aguirretxe) et 3 danseuses (Cristina Casa, Ana Calderón et Alba Cazorla) le rejoignent. Des couples, des trios, des groupes se forment et se décomposent tour à tour. La solitude existe aussi en groupe. L'oeuvre est riche et nous interpelle. On peut y voir beaucoup de choses et de sens différents suivant notre parcours et nos sensibilités et cela vient naturellement. Nulle question ici de danse speudo-psycho-intello-analytique mais d'une danse accessible à tous et toutes, une danse belle et sensible. Les interprètes sont à fond dedans et nous servent chacun leur histoire, leur solitude, leurs rencontres qui forme la vie de ce court ballet. Kirill Radev s'est visiblement beaucoup appuyé sur la musique, ce très beau concerto dont le rythme n'est pas sans rappeler celui d'un mécanisme bien réglé et du temps qui passe. La pièce se termine comme elle avait commencé avec notre homme seul dans la lumière. La boucle est bouclée.
Kirill signe ici une oeuvre intéressante et prometteuse pour la suite s'il souhaite chorégraphier de nouveau.
Pour finir la soirée la compagnie a choisi de nous re-présenter Suspended in Time et c'est vrai que ce ballet est idéal pour finir une soirée de spectacle en beauté. C'est vif, joyeux, entrainant et on en prend plein les yeux.
Les danseurs et danseuses s'amusent à nous éblouir par leur technique tout en nous racontant une histoire à chaque scène. Chaque scène est crée sur une chanson de E.L.O et ne sont pas sans rappeler l'ambiance des années 70. Rencontres entre filles et garçons, jeux de séduction, premières amours sont un pretexte pour tous les membres de la compagnie à nous emporter dans un tourbillon de pirouettes, manèges, fouettés, diagonales de grands sauts et de tours à la vitesse de l'éclair.
Leur joie de danser est palpable et communicative à tel point qu'on se surprend à danser sur son fauteuil.
Merci à tous et toutes de partager avec nous cette envie de danser. Et bien sûr on ne peut que se dire que la compagnie doit survivre. Voir le public ressortir ave cette envie de chanter et de danser est la meilleure preuve de l'utilité d'une compagnie de cette envergure dans notre ville.
A voir jusqu'au 23 juin au Teatro Coliseum.
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