lunes, 27 de julio de 2015

Festival de Peralada:Life in Progress,l'émouvant adieu à la scène de Sylvie Guillem

Sylvie Guillem, sans doute LA danseuse de ces 30 dernières années, tire sa révérence au cours d'une tournée mondiale avec Life in Progress. C'est là notre dernière opportunité de la voir danser.
Pour cet évènement exceptionnel, elle nous offre 2 créations et une reprise.

Tout d'abord Technê, d'Akram Khan, spécialement créée pour l'occasion. Sylvie Guilllem partage la scène avec les musiciens et un arbre argenté dans cette oeuvre sensible et poétique. Un véritable dialogue se crée entre les protagonistes. La musique fait corps avec la danse et Sylvie Guillem nous touche par sa sincérité. Quelque chose se passe là sous nos yeux, une sensation de sérénité mais aussi de questionnement: comment entrer en contact avec la musique? Avec cet arbre? Avec ces éléments différents? Comment les relier entre eux? De la fusion de la musique et de la Danse, la communication s'établi et donne naissance à l'arbre comme personnage à part entière. Ou peut-être est-ce de l'arbre, aux racines profondément ancrées dans la terre mais aux branches touchant le ciel que naît le dialogue?
Je crois que chacun et chacune peut y voir sa propre interprétation. Quoi qu'il en soit, on se laisse emporter sans peine par la poésie et par Sylvie Guillem. Sa technique irréprochable émerveille toujours mais cette fois ce n'est pas ce qui m'a le plus marquée. Ce que m'a frappée c'est l'émotion, la force mêlée de délicatesse qui transpire de sa danse. Une bien belle pièce pour démarrer une soirée inoubliable.

Après autant d'émotion et de poésie, il était assez difficile de rentrer dans l'univers de Duo2015 qui, comme son nom l'indique est un duo créé pour 2 danseurs spécialement pour la tournée par Forsythe.
Evidemment, on ne peut pas ne pas associer Sylvie Guillem et Forsythe sans penser à In the Middle, Somewhat Elevated, véritable chef-d'oeuvre et dont le couple Guillem-Hilaire a envoûté plus d'un ou d'une balletomane.
Ce Duo2015 est impeccablement interprété par 2 superbes danseurs, Brigel Gjoka et Riley Watts. Le problème ne vient pas d'eux. Ce qui m'a un peu rebutée c'est la longueur, il me semble que la moitié du temps aurait été suffisante, et la répétition (d'où sans doute aussi le sentiment de longueur). Ce qui m'a également gênée c'est cette impression de "déjà-vu". C'est une création et pourtant si je ne l'avais pas su j'aurais cru à une oeuvre des années fin 90/2000. Le travail présenté est intéressant mais il n'est pas nouveau. Où est passé le Forsythe tant inspiré d'In the Middle, de Second Detail? je suis restée un peu sur ma faim.

Here et after, autre création et autre duo signé cette fois Russel Maliphant clôture la 1ère partie du spectacle. Emanuela Montanari, de la Scala de Milan, partage la scène avec Sylvie Guillem. Les 2 danseuses se complètent et sont plutôt bien assorties. On sent la complicité qui les lie sur scène. Le travail chorégraphique est intéressant avec une syncronisation parfaite des 2 interprètes, un langage contemporain servi par une base très classique (ah le cou-de-pied de Guillem, c'est quelque chose quand même!).

Et puis...Bye.
Bye, solo magnifique et magistral de Mats Ek crée en 2011 pour Sylvie sur la sonate pour piano num.32 op.111 de Beethoven. Une femme, seule dans un appartement entame un dialogue avec elle-même, se prépare à quitter cette pièce et une étape de sa vie pour aller rejoindre les gens à l'extérieur et commencer une nouvelle étape.
Oeuvre poignante faite sur mesure pour Sylvie, elle y est époustouflante. Tout le talent de chorégraphe de Mats Ek sert à faire briller notre Etoile. On a du mal à croire que c'est fini. Qu'elle s'en va. On n'a pas envie de lui dire bye.
Je n'ai jamais été une groupie de Guillem,contrairement à pas mal de filles et de garçons de mes cours de danse. J'avais 4 ans quand elle a été nommée Etoile à l'opéra de Paris, 10 quand elle a claqué la porte pour Londres et le Royal Ballet. Je n'avais d'yeux que pour l'Opéra de Paris à l'époque. Pourtant, ce sont ses vidéos qui m'ont servi pour passer mes examens, pour travailler les variations du Grand Pas Classique et de Raymonda. C'est elle qui m'a fait découvrir et aimer Mats et Ek,Akram Khan, qui m'a aidé à sortir de mon carcan classico-classique et me rendre compte que le classique est un style inestimable à préserver à tout prix mais qu'il y aussi plein d'autres styles et que la Danse n'est pas figée. Alors oui,ça fait tout bizarre de la voir toujours aussi parfaite, toujours aussi rayonnante et se dire que c'est pour la dernière fois. Alors merci pour ces années de Danse et bye... pour ce soir seulement car à bientôt pour une nouvelle étape. A très bientôt.

1 comentario:

Anónimo dijo...

Magnifique billet, très émouvant. Merci pour ce partage et ce beau moment de lecture.

Je suis heureuse que tu aies pu passer cette soirée inoubliable !